Tour de France de Rachid Djaidani

Reprise de la Quinzaine des Réalisateurs

Cannes, bis

 

Pour sa douzième édition de reprise de la Quinzaine des Réalisateurs, l’Alhambra s’offre pour la première fois l’intégralité de la sélection cannoise.

 

Créée à la fin des années 60, la Quinzaine des réalisateurs est le fruit d’une histoire tumultueuse. En ce mois de mai 1968, l’aristocratie du cinéma mondial se retrouve à Cannes, loin du tumulte des révoltes parisiennes. Pourtant, les vibrations du Quartier Latin vont rapidement contaminer la Croisette grâce à une poignée de cinéastes bien décidés à faire souffler le vent de l’insurrection au cœur de l’événement international. Obtenant l’arrêt du festival cette année-là, un quarteron de 180 réalisateurs, souvent issus de la Nouvelle Vague, las de l’académisme empesé de la sélection officielle, crée l’année suivante un « contre-festival » ayant pour but de promouvoir un cinéma tourné vers la liberté artistique et la diversité des cinématographies mondiales. Depuis, les ambitions des deux festivals se sont entrelacées, et tandis que la compétition officielle s’est décontractée en s’ouvrant à toutes les cinématographies, la Quinzaine s’est institutionnalisée tout en restant fidèle au projet artistique de ses fondateurs. En effet, le festival, qui prend ses quartiers dans les méandres de l’Hôtel Marriott, reste un excellent dénicheur de chefs-d’œuvre, le flair des programmateurs se déclinant ensuite tout au long de l’année par les succès critiques et commerciaux de ses sélections. En témoigne l’édition 2015, qui a vu défiler entre autres Mustang, Much Loved, Fatima et Trois souvenirs de ma jeunesse, tandis qu’en 2014 Whiplash ou Les Combattants étaient à l’honneur. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que sitôt le Festival de Cannes terminé, on verra débarquer à l’Estaque l’intégralité de la sélection pour dix jours d’avant-premières et de rencontres à l’Alhambra. Déjà douze ans que le cinéma dirigé par William Benedetto propose aux Marseillais de profiter de cette sélection exceptionnelle en simultané avec le Forum des Images parisien. Mais cette année, pour la première fois, l’Alhambra a obtenu les droits sur la totalité de la programmation cannoise. Au programme, dix-huit longs métrages, onze courts, six soirées de rencontres avec les cinéastes, un ciné-goûter et un ciné-philo avec Marc Rosmini. On retiendra notamment une rencontre avec Rachid Djaidani, qui revient, quatre ans après la sortie de son ovni Rengaine, avec un road movie hip-hop, Tour de France. Sébastien Lifshitz présentera quant à lui son documentaire sur la militante féministe Thérèse Clerc (Les Vies de Thérèse), tandis que Claude Barras viendra parler de Ma vie de Courgette, film d’animation doux-amer sur l’enfance orpheline qui a déjà fait sensation sur la Croisette. A souligner également, le retour d’Alejandro Jodorovsky, qui poursuit son autobiographie psychédélico-poétique avec Poésie sans fin, celui de Pablo Larrain qui dresse un portrait empreint de littérature du poète révolutionnaire chilien Neruda, ou encore le nouveau polar américain de Paul Schrader, Dog Eat Dog. Une semaine de films et de rencontres, un festival précieux qui permet de goûter avant tout le monde à la cinéphilie cannoise dans la convivialité, sans la foule hystérique, les files d’attentes interminables et l’ambiance ultra sécuritaire qui règnent actuellement sur la Côte d’Azur.

Daniel Ouannou

 

Reprise de la Quinzaine des Réalisateurs : du 24/05 au 5/06 à l’Alhambra (2 rue du Cinéma, 16e).
Rens. : 04 91 03 84 66 / www.alhambracine.com

Le programme complet de la Reprise de la Quinzaine des Réalisateurs ici