Le Syndrome du petit pois de Domas

Portrait | Domas

Traits personnels

 

Cinq ans après la sortie de Souvenirs de moments uniques, dernier volet d’une trilogie autobiographique, l’auteur marseillais Domas publie Le Syndrome du petit pois, la suite des aventures de son alter ego de papier, Max. Rencontre.

 

domasEntre deux séances de dédicaces à travers la France, Domas nous reçoit à un pas de la Plaine, dans le grand atelier qu’il partage avec d’autres auteurs/dessinateurs locaux tel que Yann Madé, auteur de l’excellent Cher Moktar. Sourire contagieux et regard pétillant, Domas est d’emblée à l’image de ses textes, touchant et doux. Pour cet autodidacte marseillais qui écrivait déjà ses BD à l’âge de neuf ans, raconter des histoires a toujours été essentiel. A un moment où la désillusion face aux méandres des maisons d’éditions se faisait plus intense, l’autobiographie s’est imposée comme une évidence : « J’avais besoin de croire en ce que je racontais. Avec l’autobiographie au moins, je savais qu’on ne pouvait pas remettre mes textes en question. » Litost, 3 minutes et Souvenirs de moments uniques sont d’ailleurs au centre du spectacle Dans ta Bulle, en tournée dans toute la France. Une œuvre qui installait poétiquement les bases de son existence : ses débuts en tant qu’artiste publié, sa rencontre avec la mère de ses enfants, mais aussi mille et un détails du quotidien, des rencontres, des moments heureux qui font la beauté de la vie. Dans Le Syndrome du petit pois, le personnage de Max revient avec des sujets moins évidents. Il apprend que sa mère est atteinte du syndrome de Benson, une maladie neurodégénérative assimilée à une forme rare d’Alzheimer. Oublis fréquents, perte de repères, diminution des capacités intellectuelles… Pour le jeune homme, cette nouvelle réalité est dure à accepter car sa mère n’a plus rien de la femme qu’il a connue. 
Désorienté, il alterne entre mélancolie et colère. Alors qu’il a plus que jamais besoin de son soutien, Coquillage, sa femme, s’éloigne, dépassée par ce mal-être. Leur vie de famille devient difficile, d’autant que Max se réfugie de plus en plus dans le travail… 
Au fil des pages, ses émotions deviennent les nôtres. On sourit, on rit, on frissonne et, quelquefois, on pleure. Pour lui, c’est un album sur la création et la disparition en général ; pour nous, une révélation. « Dans la trilogie, une grande place est laissée à l’imagination du lecteur, les temps sont très courts. Un, parfois deux jours, ou une petite semaine. Les émotions sont fugaces et c’est assez facile pour une personne de s’identifier. Dans Le Syndrome, je me suis rendu compte que j’avais donné plus, que j’étais allé plus loin, laissant moins de place à l’imagination. » Le Syndrome du petit pois est un de ces livres qu’on ne peut plus refermer avant d’avoir tourné la dernière page, et dont les lignes vous troublent encore quelques semaines plus tard. Domas, c’est Max, mais pas que. Egalement auteur d’œuvres jeunesse depuis quelques années avec, notamment, l’adaptation de contes comme Le Petit Chaperon rouge ou Jack et le haricot magique, il s’est vu proposer en novembre dernier un projet qui lui correspond : « Après avoir écrit quelque chose de si personnel, j’avais peur de ne pas me retrouver dans mes prochains travaux et de devoir choisir entre mes préférences artistiques et celles des lecteurs. » Heureusement, les éditions Bamboo lui ont à nouveau fait confiance en l’accueillant dans la série Pouss’, et nous pourrons le lire dès septembre prochain avec Planète Gaspard, autour des aventures d’un petit garçon un peu dans la lune. Un peu comme lui.

Murielle Lebon

 

Le Syndrome du Petit Pois est paru en mars aux éditions La Boîte à Bulles.
Rens. : www.la-boite-a-bulles.com

Pour en (sa)voir plus : domas.over-blog.com