Soma © Pixxxo

Phocea Rocks à Marseille

Rock en jambes

La passion, Vincent Palacio en a à revendre. Et il aura fallu pas moins de deux ans à l’instigateur du festival Phocea Rocks et son équipe pour organiser un événement de taille. Ou l’art de faire trembler Marseille.

Loin des clichés sex, drug & rock’n’roll, l’objectif du tant attendu Phocea Rocks est, avant tout, de permettre aux invités de se faire plaisir sur scène. « MP 2013 est trop élitiste, voire condescendant. Il y a une distance entre ceux qui proposent et ceux qui viennent voir les événements… Nous voulons montrer que les Marseillais sont eux-mêmes porteurs de culture, et qu’il n’y a pas besoin de venir de l’autre côté de la planète pour faire de la bonne musique », précise Vincent, également batteur au sein du groupe Nitwits. Ce n’est pas un scoop : le festival, qui rassemble près d’une trentaine de formations marseillaises, compte parmi les incontournables du OFF. « Ça m’a posé pas mal de difficultés vis-à-vis de certains groupes. Mais finalement, on reste très indépendants, et ça ne change absolument rien au message que l’on veut faire passer. Les organisateurs du OFF nous ont beaucoup aidés, et puis ils se bougent. Ça me suffit. » Fan de la scène hardcore des 80’s, fervent défenseur du do it yourself, le batteur poursuit : « Phocea Rocks part avant tout une démarche philanthropique, le succès n’est pas le plus important. Par contre, c’est tellement gratifiant de monter un projet de bout en bout. Maintenant, si certains groupes peuvent se faire repérer par un label, décrocher un contrat, et pourquoi pas vivre de leur musique, tant mieux ! » Fort heureusement, l’appel du 31 mai à l’Espace Julien a joui d’un fort succès. « Ça m’a rassuré pour la suite. Même si certains groupes étaient difficiles d’accès, les gens sont restés, curieux, ouverts d’esprit, et ils avaient tous la banane. Une super soirée ! » Derrière le fait de mettre sous les feux de la rampe des groupes qui manquent cruellement de visibilité, l’équipe du Phocea s’attache évidemment à rendre hommage à toutes ces petites salles, essentielles, qui fomentent le tissu rock et non institutionnalisé marseillais. De l’Embobineuse à la Machine à Coudre en passant par Enthröpy, le Dan Racing, le Lounge, le Molotov ou l’Intermédiaire… Tous ces endroits qui ont permis l’émergence d’une scène underground. « Ils nous ont donné notre chance. C’est normal de leur rendre la pareille. Ça coulait de source. » Un festival véritablement incontournable, d’autant que manifestement, « Phocea Rocks, c’est du one shot. »

Ugo Pascalo

Phocea Rocks : jusqu’au 19/07 à Marseille.
Rens. www.phocearocks.com /www.marseille2013.com


La prog’ : l’essentiel

Mick Wigfall and The Toxics

Trio résolument vintage, Mick Wigfall and The Toxics se targue d’un large répertoire: du rock’n roll au rockabilly, en passant par une pléiade de perles explosives des années 60. Chacune de leur apparition déchaîne les foules et rend les gérants des salles inquiets. Véritable baroudeur musical, Mick a collaboré avec Fatboy Slim, Robert Plant ou encore Jeff Beck. Rien que ça.

The Dirteez

Formés à Paris en 86, les Dirteez s’installent à Marseille au début des années 2000. Hyperactif, le groupe sort pas moins de quatre albums de 2001 à 2006. A mi-chemin entre les Cramps et Sonic Youth, les Dirteez sont passionnés par la « sous-culture des 45 tours rock’n’roll rares, les films de série B ». Et le trash. De manière générale.

Eastern Committee

« Distorted feedback folk » ou « distorted folk psyché ». Voilà comment ce trio franco-argentin orienté balades aériennes en apesanteur définit son style. Leurs influences couvrent un large panel : du Velvet à Suicide en passant par Beat Happening Codeine, Earth, Gainsbourg ou Elysian Fields…

The Coyotes Dessert

C’est sur les bancs de l’école, en 96, que quatre amis décident de former un groupe axé grunge rock : Caedes. Après plus de deux cents concerts et un album, ils se séparent en 2008, pour mieux se retrouver trois ans plus tard sous les traits de The Coyotes Dessert. Résultat : un EP autoproduit, savamment nommé Welcome.

The Loving Dead

Place au rock’n roll avec ce trio composé de Looping Murdock, Tyler Durden et Addams Loveless. Formé en 2012, The Loving Dead génère un son brut, une rythmique puissante et « une voix de caractère ». Leur univers mêle des ambiances diverses : du garage à la cold wave en passant par le punk, leur procurant ainsi un style inédit qui ranimerait les morts.

Ohmodron

Brut. Voilà qui définirait faute de mieux le son de ce duo formé par deux membres de Eastern Committee. Pas de guitares, pas de laptop, pas de consensus. Autant marqué par la contre-culture contestataire que par les pionniers de l’électronique (Pauline Oliveros, Vladimir Ussachevsky), Ohmodron prête une oreille toute particulière aux accidents et autres distortions massives.

Shun & his Happy Family

Shun est compositeur le jour… et sexy dancer la nuit. Fortement influencé par le « true vicking metal », le punk rock et le grunge, il rêve de former un groupe de la trempe du Rollins Band. Après des expériences éphémères (IKS, Super Ass, CobraVerde), Shun rencontre la fondatrice et frontman d’Ecran Total, Julie. Puis vinrent Steve et Alex, et en avant la Family !

BelpheGorz

Le groupe naît dans la vague rock provoquée par une formation désormais mythique de punk marseillais : Nitrate. Tallulah X et Krees D œuvrent tout d’abord dans Lady Godiva. Après deux albums et plusieurs passages radios, ils décident de revenir à leurs premiers amours : le rock des 70’s, le punk. BelpheGorz subit alors plusieurs changements, avant de se refixer sur les deux compères.

The H.O.S.T

Led Zeppelin, Queens Of The Stone Age, The Clash, Pearl Jam sont les principales influences de ce trio formé en 2004. Ils cumulent une centaine de concerts, notamment en Angleterre, en Belgique et en Suisse… Après un premier EP en 2008, la formation embraye deux ans plus tard sur un album, Love, Birth and Disillusions. La suite ne devrait pas tarder…

Tonnerre Mécanique

Pas de fioritures, pas de chichi : allons à l’essentiel, et faisons-le à toute vitesse… Ancrés dans la noise instrumentale violente, les grondements de Tonnerre Mécanique sont brefs et intenses. Adeptes des cassures rythmiques chaotiques, leurs incursions sont barrées et leur style martial. Boum !

Fillette

Cinq musiciens, dans une formation pas si classique : trois guitaristes, un bassiste et une batteuse. Véritable mascotte du groupe, cette dernière déverse des rythmes hypnotiques quand les guitares se livrent à des riffs métalliques, parfois sournois, mais toujours joués à l’oreille. Adepte du free rock, le groupe aime improviser une partie de ses concerts.

Casino

Après un break dans les années 1970, le mystérieux groupe italien d’obédience futuriste est de retour. Le son du quatuor se situe entre reverb et noise. Petite précision de premier ordre : le nom du groupe se prononce « kassino » !

Blah Blah

Blah Blah fait partie de ces groupes où les textes font mouche. Accompagné de deux guitares et d’une boîte à rythme, le chanteur met en avant les joies du corps comme échappatoire au mal-être social ou à la déchéance morale. Le chant se fait tour à tour déchiré, hurlant, rocailleux et inquiétant. Dans une ambiance hardnoisecore.

Splash Macadam

Avec son univers sonore et visuel très particulier, Splash Macadam compte parmi les groupes véritablement atypiques. Une originalité qui lui a permis d’ouvrir pour The Answer, The Dodoz, Cults, Airbourne ou encore Anna Calvi. En 2012, les Marseillais entament même une tournée outre-Manche. Accueillis à bras ouverts.

Catalogue

Ce trio composé de membres de Human Toys et d’Elektrolux se situe dans la veine post-punk, mais, contrairement à d’autres formations, Catalogue revêt une attitude classieuse. Malgré riffs tranchants et rythmique agressive, le groupe livre une musique névrosée mais sans urgence. Une sorte de rage froide, de force tranquille.

x25x

Abrasif, graveleux, simpliste, sale, agressif, ruiné, acide, piquant… Voilà comment se définit ce groupe aux influences post-punk mâtinées d’un noise/hardcore à faire exploser n’importe quelles enceintes. A mi-chemin entre les Butthole Surfers et Hammerhead, le groupe est même plébiscité par Jello Biafra (ex-chanteur des Dead Kennedys)…

Rescue Rangers

Les influences des Rescue Rangers sont multiples : rock, grunge, pop, post-punk, psychédélique. Leur dernier album, Manitoba, se targue d’un son musclé et tranchant. Les mélodies sont précieuses, les paroles touchantes et les références – notamment au cinéma – multiples. Tout le pouvoir des Rangers…

Reliques

Ici, la modernité est déjà presque obsolète, l’ancienneté renouvelée et la nouveauté… consommée. Reliques aime marier les ambiances psychédéliques à la poétique qui fait son originalité. Par-dessus-tout : l’imprévu. En somme, un voyage spirituel dans un univers plein de beauté, de tourments, et de peur.

Lo

Rock Sound a bien saisi Lo : « Du rock garage transpirant l’authenticité et incartades pop. » Le groupe compte pour certains parmi les « meilleurs » en matière de rock marseillais. Le double chant se révèle mélodique tout en étant pop, alors que l’instrumentation délivre un son brut, bruyant, sexy, pénétrant, entêtant…

Departure Kids

« Riffs punk, basse psyché, batterie minimaliste et voix légèrement fausse et râpeuse, le tout envoûté par un épais voile de fumée pas toujours légale… » Voilà comment se définit ce groupe aux ascendants rock, garage et post-punk. Avec cette urgence dans leur jeu et cette nonchalance dans le chant, leurs morceaux s’avèrent complètement entraînants.

Soma

Ces quatre multi-instrumentalistes chevronnés proposent un condensé pop-rock survitaminé. Avec plus de trois cents concerts au compteur, le groupe a même été sélectionné par l’édition 2011 du Fair Festival. Le nom contient deux références : la chanson des Smashing Pumpkins et la drogue des Londoniens dans Le Meilleur des Mondes. Pour échapper à l’aliénation.

Crumb

Un groupe psychédélique secret qui hante les salles du centre-ville… Mené par Pippo Syzlak, Crumb mélange americana, stoner et synthés bizarres pour créer une musique protéiforme, sexy et rock’n roll. En vous chamboulant le cœur, il délivre un rock plutôt calme, mais non sans une certaine violence garage. Le tout dans une esthétique très classe.

Binaire

Comme on peut s’en douter, Binaire est un duo marseillais, qui possède un son unique, bien loin de tous les clones sans intérêts. Binaire, ou la déferlante électro-punk rock perturbante, soit une tempête de rythmes tranchants, de vocalises stridentes et de guitares cinglantes.

The Magnets

Avec ses guitares rock, ses claviers électro et ses drums, The Magnets a notamment mis le feu à la scène des Francofolies de La Rochelle l’été dernier. Avec une soixantaine de concerts en France et en Europe au compteur, il sort du lot grâce à la voix de leur frontgirl, Zenia. Une Anglaise survoltée.

Elektrolux

Trois bonshommes, du vieux matos, de la volonté, de l’énergie et un son épatant. Voilà ce qui définirait Elektrolux. Leur musique va chercher ses influences dans le garage, le punk-rock, la country et le jazz. Avec leur côté déjanté, ils proposent un « rock crado — Russkoff touch — ultra efficace ». Le vrai luxe.

Conger ! Conger !

Ce trio jouit d’une très bonne réputation dans le milieu rock indé local. Et pour cause : depuis sa formation en 2008, il enchaîne vaillamment les scènePixxxos, a sorti deux beaux EP fin 2009, partagés deux titres avec Ox-Scapula dans la foulée, et même édité un fort recommandable premier album, At The Corner Of The World, en 2011. Sur vinyle, évidemment.

La Flingue

De retour de sa tournée européenne, La Flingue est le nouveau groupe d’Olivier Gasoil (!), l’un des artisans du punk-rock local. Avec d’anciens membres des Irritones, Hatepinks, Gasolheads et Aggravation, ils délivrent un son garage punk minimaliste. Avec une guitare tranchante et un chant hargneux, ça dézingue à tout-va.

Nitwits

Indépendance. Avec les Nitwits, tout part de là. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela se ressent dans chacun des trois albums punk, rock et grunge du groupe. Loin du star-system, embarquez pour un voyage psychotique, énergique, passionné. Fait notable : le batteur du groupe, Vincent Palacio, est aussi l’organisateur du festival.

Ugo Pascolo