Peter Pan par la Cie Vol Plané

Peter Pan par la Cie Vol Plané

Ça plane pour lui

Des sources de sa vocation théâtrale à son actualité au Gymnase — où la compagnie Vol Plané présente sa dernière création, Peter Pan —, la vie professionnelle d’Alexis Moati n’est pas un long fleuve tranquille. Et c’est tant mieux.

Peter-Pan-.jpgTel Peter Pan, héros de sa dernière création, Alexis Moati nous reçoit, assis en tailleur sur un bout de canapé. Sa passion pour le théâtre remonte à loin. Après un baccalauréat option théâtre au lycée Marseilleveyre, il intègre en 1989 l’atelier de La Criée sous la direction de Jean-Pierre Raffaelli. Suivront la création de la compagnie l’Equipage avec des camarades de promotion en 1991, puis celle de Vol Plané en 1996, qu’il dirige encore aujourd’hui avec brio. Au total, plus d’une quinzaine de spectacles, tous marqués du sceau de l’innovation, ont déjà vu le jour. Un renouvellement qui permet d’éviter un étiquetage de sa mise en scène, aussi réussie soit-elle. Cette recherche d’innovation perpétuelle est servie par la composition progressive d’une équipe aux origines très diverses : rassembleur et fédérateur, Alexis ne cesse de mettre en avant la confiance, fondatrice pour la compagnie. Mais innovation ne veut pas dire « art total » non plus, car l’accumulation de techniques ferait perdre le sens du propos. Notre homme cherche plutôt la diversité à travers l’acteur lui-même.
Après six spectacles et trois duos burlesques depuis la création de Vol Plané, l’acteur se voit ainsi toujours mis en avant, sans jamais perdre de vue le texte. Du cœur de la mise en scène, il déploie ses facettes d’interprète, bien sûr, mais aussi d’auteur, de musicien ou de danseur. On comprend alors pourquoi le metteur en scène se change à son tour et au gré des besoins en traducteur, scénographe et comédien : ces multiples casquettes lui « évitent de se couper des plateaux » et permettent de rester au plus près des autres comédiens, qui partagent avec lui le souci du public — autre élément clé pour la compagnie. Au fondement de chaque pièce, il y a ainsi pour Alexis la « nécessité de prendre la parole pour tous ceux qui ne le peuvent pas. » Une forme d’action politique au sens noble du terme — celle de se mettre au service des autres —, qui passe aussi par des ateliers de pratiques théâtrales et des stages destinés aux professionnels. Pour autant, il ne s’agit pas d’une mission éducative à proprement parler ; plutôt d’une manière d’aider les publics à mieux prendre conscience de leurs émotions, en tant qu’individus à part entière, mais aussi en tant que membres d’une communauté d’hommes. « Plus on descend dans le particulier et plus on peut toucher au collectif », affirme ainsi le metteur en scène.
Au-delà de sa recherche personnelle, Alexis est également conscient de facteurs externes pouvant influencer son travail. Paradoxalement, peut-être, les conséquences de la réforme des collectivités territoriales l’inquiètent plus que les effets de la crise actuelle qui pourrait, en fin de compte, donner l’opportunité de repenser le système culturel français. Et face à l’évènement prometteur que constitue Marseille Provence 2013, il reste plutôt dubitatif, devant déjà concentrer toute son énergie sur son travail. On le comprend aisément : son Peter Pan s’envolera au printemps dans toute la région, tandis que Le Malade Imaginaire sera en consultation au festival d’Avignon cet été. Il reconnaît néanmoins qu’un travail partenarial avec des artistes de Kosice, capitale européenne de la culture jumelle de Marseille en 2013, le séduirait volontiers.

Texte : Guillaume Arias et Pascale Arnichand
Photo : Agnes Mellon

Peter Pan par la Cie Vol Plané : du 26/02 au 3/03 au Théâtre du Gymnase (4 Rue du Théâtre Français, 1er). Rens. 08 20 00 04 22 / www.lestheatres.net / http://volplane.blogspot.com