Pantagruel © Nathaniel Baruch

Pantagruel

Rire, à pas de géant

 

Après avoir marqué le In d’Avignon 2014 avec sa Religieuse à la fraise et avant d’y retourner cet été avec un Ubu roi plongé dans le milieu du sport, Olivier Martin-Salvan passe par Aix et Istres avec Pantagruel. Une comédie loufoque à la (dé)mesure du comédien.

 

Olivier Martin-Salvan n’est pas à un défi prêt. Après son opéra clownesque Ô Carmen, dans lequel il prenait possession de tous les rôles avec maestria, il reproduit la même performance scénique en s’attaquant à l’œuvre de Rabelais, transformant ce classique de la littérature en une comédie burlesque et décalée. Pantagruel conte les aventures d’un géant, fils de Gargantua, né un jour de grande sécheresse et ainsi assoiffé de vin, de bons mots, de livres, de connaissances, de dérision et de poésie.
La mise en scène inventive de Benjamin Lazar s’appuie sur le jeu du phénoménal Olivier Martin-Salvan, qu’il a déjà dirigé dans Le Bourgeois gentilhomme, mais aussi sur la langue abrupte inventée par Rabelais, la laissant pure, sans aucune adaptation, ni modernisation, ni en proposant trop d’effets scéniques qui pourraient faire écran à l’œuvre. Son acteur, rabelaisien dans l’âme, s’empare avec ferveur d’un texte qui est fait pour être dit et non lu à l’école. Pour Martin-Salvan, cette pièce est d’utilité publique : « Le théâtre peut donner une vision différente d’une œuvre littéraire. Les ados adorent. Fascinés, ils n’arrivent plus à partir ; ils ont encore envie de parler car à cet âge-là, on se pose vraiment la question du langage et Rabelais les emmène sur ce terrain-là. Au début, on a des difficultés avec la langue de Rabelais comme lorsqu’on découvre un nouveau pays… Et après, on a l’impression de retrouver des villages d’enfance, ce qui est très émouvant. »
Egalement chanteur lyrique, le comédien est accompagné sur scène par les musiciens Benjamin Bédouin et Miguel Henry, dans un registre oscillant entre baroque et contemporain, ce qui sied une fois encore à l’univers de Rabelais.
Le livre de l’humaniste Rabelais, qui fut condamné par la Sorbonne pour obscénité, fait écho à la polémique sur la censure en France et l’affaire des caricatures de Charlie Hebdo. Ce spectacle proclame la liberté d’expression et la résistance.
Une merveilleuse thérapie par le rire et la poésie dont Martin-Salvan pense — et nous avec — qu’ils sont la meilleure armure face à l’adversité, le meilleur antidote à la morosité. Rabelais : mieux que le Prozac !

Maryline Laurin

 

Pantagruel :

  • du 25 au 28/03 au Théâtre du Jeu de Paume (17-21 rue de l’Opéra, Aix-en-Provence).
    Rens. : 0 820 13 20 13/ lestheatres.net

  • le 7/04 au Théâtre de l’Olivier (Boulevard Léon Blum, Istres).
    Rens. : 04 42 56 48 48 / www.scenesetcines.fr