Un jour mon prince viendra de Michele Sylvander

Michèle Sylvander – Répétition à la galerieofmarseille

L’étude des jours

Quelques années après une très belle exposition au [mac], où elle assumait postures provocantes et images provocatrices, on retrouve Michèle Sylvander à la  GalerieofMarseille, défiant toujours les préjugés mais avec une douceur qu’on ne lui connaissait pas…

 

« Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! » Comment ne pas penser à Baudelaire devant l’autoportrait de l’artiste, chemise blanche ouverte laissant apparaître une pilosité excessive pour des chromosomes XX ? La mise en miroir avec le quasi même autoportrait, quelques années plus tard, pose la question du vieillissement qui, non content d’altérer notre image, s’en prend aussi à notre identité. Le temps passe, le corps change. « Quand on est vieux, on n’est plus ni homme ni femme, on est vieux », dit l’artiste.
Michèle Sylvander a toujours joué avec des images choc qui renversent les codes de monstration du corps féminin généralement sublimé, idéalisé, « photoshopé », commercialisé… Si elle s’est souvent mise en scène, osant nudité et dépréciation à l’instar d’un bon nombre d’artistes femmes utilisant leur corps comme médium et moyen d’expression, c’est sans revendication féministe ou politique que Michèle Sylvander s’est lancé dans la danse. Son œuvre la raconte, plaçant l’impudence là où d’autres imposent la morale.

Dans sa dernière exposition, Répétition, c’est moins à Cindy Sherman qu’à Claude Lévèque ou plus récemment à Sophie Calle et leur utilisation de la figure maternelle que l’artiste marseillaise fait penser. Il y a d’abord cette grande photo sous plexiglas, dans laquelle on devine des touffes de cheveux arrivés au terme du processus de canitie (blanchissement). Et  une petite natte désuète de cheveux blancs qui rappelle les coiffures des petites filles coquettes. Et puis cette vidéo, dans laquelle on découvre la mère de l’artiste, belle, digne, se remémorer quelques souvenirs sur un air nostalgique. Très beau moment que cette chanson qui se joue sur le visage de cette dame, tout en douceur, tout en pudeur… L’œuvre est chargée de cette sensibilité, rare, qui touche à la quintessence de l’art quand il se fait juste le témoin de quelque chose ou de quelqu’un… On fera ensuite un bond dans les âges, avec la vidéo éponyme au titre de l’exposition montrant un enfant à qui on donne une (fausse) arme. L’enfant nous évoque le blondinet du Eléphant de Gus Van Sant, sorte de Cassandre qui rappelle les tragédies passées et annonce les désastres futurs…

Céline Ghisleri

 

Michèle Sylvander – Répétition : jusqu’au 19/01/2013 à la galerieofmarseille (8 rue du Chevalier Roze, 2e).
Rens. 04 91 90 07 98 / www.galerieofmarseille.com

Pour en (sa)voir plus : http://www.documentsdartistes.org/artistes/sylvander