Montévidéo © Laurent Garbit

Menace sur l’association Montévidéo

Les bulldozers à Montévidéo ?

 

L’association Montévidéo, que le GRIM vient de quitter pour fusionner avec le GMEM sur le site de la Friche, se trouve actuellement dans une situation inconfortable. La menace d’une destruction plane, entrainant possiblement des conséquences désastreuses pour le festival Actoral, qui y a vu le jour en 2001, et plus généralement pour le milieu artistique marseillais.

 

Montévidéo, fondé en 2001 par l’écrivain, metteur en scène, acteur et scénographe Hubert Colas et le guitariste expérimental Jean-Marc Montera, est le point de départ et l’âme du festival. C’est un instrument de décloisonnement, d’expérimentation et d’innovations permanentes, qui ne cesse depuis de grandir et de s’exporter en faisant honneur à Marseille. Actoral n’existerait pas sans Montévidéo. Un lieu magnifique et multiple du 6e arrondissement où est mise en valeur l’écriture dans tous les domaines artistiques possibles. Lieu qui accueille également des artistes en résidence toute l’année, des expos, des concerts, et qui possède un important centre de ressources dédié à l’actualité et à l’histoire des écritures contemporaines, ouvert à tous. Montévidéo a souvent été pionnier pour faire sortir des artistes devenus nationalement, voire internationalement, reconnus, mais aussi dans le domaine de la mutualisation des moyens et des savoirs. Le public peut y rencontrer les artistes autour d’un verre ou simplement parler de ce qu’il vient de voir dans un environnement convivial, propice au débat. A Montévidéo, on n’a pas peur de faire la fête ou d’accueillir d’autres manifestations culturelles dans l’espace de 1 500 m2 : FID, Festival Parallèle, etc. Actuellement, le propriétaire — c’est son droit — souhaite vendre à un promoteur immobilier pour en faire des logements. Le bail a pris fin le 31 décembre et si le lieu est protégé par l’ordonnance du 13 octobre 1945, interdisant tout changement d’affectation d’une salle de spectacle sans l’autorisation du ministère de la Culture, cela n’en garantit pas la pérennisation en espace culturel et artistique. Tant qu’un prix ferme et définitif du bâtiment n’aura pas été fixé par le propriétaire, rien ne peut être fait. Cette menace ne date pas d’hier.
Il importe que tous les acteurs de ce dossier se réunissent rapidement afin de trouver une solution de conciliation et d’écarter la perspective d’une disparition pure et simple de ce lieu de création et d’action artistique. Il y a quelques années, on pouvait raisonnablement imaginer une relocalisation de l’association culturelle Montévidéo au Théâtre des Bernardines ; on sait bien qu’une autre option a été choisie (le lieu est désormais l’un des équipements des Théâtres de Dominique Bluzet). Le Théâtre des Bernardines était aussi un lieu convivial et vivant dédié à la création contemporaine souvent locale, ce n’est plus le cas. Si l’on considère également la situation actuelle du Théâtre de Lenche et ce qui est en train de se passer pour un MP 2018 aux seules mains des gros opérateurs culturels de la métropole, on pourrait penser qu’une volonté politique est à l’œuvre, d’éradiquer purement et simplement les espaces de création artistique et d’identité culturelle dans notre ville pour se concentrer seulement sur du catalogue à forte rentabilité. En outre, la création, les idées viennent aussi de se qui se passe après les spectacles, dans l’échange, la confrontation des antagonismes. La fusion n’amène que la stérilité, la perpétuation du même et du reconnu, la mortelle et paralysante consensualité, véritable maladie totalitaire de notre époque. C’est triste à dire, mais il semble parfois que nous ayons à Marseille la classe dirigeante le plus bête, la plus vulgaire et la plus irresponsable de France ; c’est décourageant et inquiétant. Il y a ici un véritable vampirisme des forces vives de la jeunesse et de la création par une clique clientéliste et corrompue qui, loin de penser à améliorer sa ville, ne cesse de chercher des moyens d’en tirer profit. Un lieu comme Montévidéo a relevé le niveau dans notre ville. Il a une identité forte, une dynamique efficace et expansive non dénuée de générosité.
Marseille est belle et puissante mais épuisante, harassante pour celui qui souhaite y travailler dans le domaine artistique, qui souhaite innover, inventer sans se ménager et s’y faire une place. Hubert Colas est un travailleur infatigable, un artiste sincère qui a une vision culturelle partageable et en mouvement de sa ville. Son appel à l’aide pour l’indispensable Montévidéo et sa dizaine de salariés ne doit pas rester lettre morte.

Olivier Puech

 

Montdévidéo : 3 impasse Montévidéo, 6e.
Rens. : 04 91 37 97 35 / www.montevideo-marseille.com

Pour signer la pétition de soutien, c’est par ici

Les dates de la quinzaine :

  • le 18/01 : Poésie à tous les étages, soirée érotico-poético-déconnante avec les éditions Contre-Pied et Autres et Pareils

  • le 25/01 : Rue, solo chorégraphique de et par Volmir Cordeiro, dans le cadre du Festival Parallèle

  • du 24 au 29/01 : Thirst, installation vidéo de Voldemars Johansons, dans le cadre du Festival Parallèle