cadavres exquis métropolitains © Karwan

L’opération Cadavre Exquis Métropolitains par Karwan

Accouplés sans fin

 

L’opération Cadavre Exquis Métropolitains se poursuit jusqu’à la fin novembre. Un concept aussi poétique que politique proposé par l’association Karwan. Chacun est libre de contribuer : à votre imagination…

 

Vous ne vous rappelez peut-être pas du nom, mais il y a de fortes chances que vous ayez un jour joué au jeu du cadavre exquis. Mais si, souvenez-vous, créer une phrase à partir d’un bout de mot sans connaître les propos précédents. Ce sont les surréalistes qui en ont eu l’idée vers 1925. Résultat : des récits alambiqués et franchement décalés…

Basée à la Cité des Arts de la Rue et dotée de l’intention de bâtir des projets culturels territoriaux, l’association Karwan l’a remis à l’ordre du jour. Et au goût du jour, puisqu’il s’agit d’un cadavre exquis métropolitain. « Nous avons tout simplement répondu à un appel à projet, raconte Anne Guiot, directrice de la structure. Une première intervention dans le cadre de la Métropole pour Karwan. » Un appel à création collective qui remet le mot « participatif » en avant donc, puisqu’il s’agit de laisser l’utilisateur se connecter sur le site spécialement conçu à cet effet, et de laisser parler son imagination en pas plus de quarante-six signes… pour le plaisir des sens : « La lune nous fait des cachotteries, susurrante et crachant son venin blanchâtre, elle se répandit en élucubrations incertaines. Chaque soir, elle pensait au lendemain et vice. Chaque lendemain, elle construisait son futur. Un futur déconstruit sans lendemain. » À l’origine, et pour guider le curieux contributeur, une phrase d’amorce piochée d’un livre et portée par pas moins de six médiathèques partenaires au cœur du projet. « Depuis le lancement du site début septembre, nous en sommes déjà à près de mille participations, constate Anne Guiot. Je ne m’attendais sincèrement pas à autant d’écho. » Un engouement qui n’aurait pas été possible sans le travail de Karelle Ménine et Germain Prévost (Alias Ipin), tandem d’artistes semblé taillé pour ce projet.

 

Yoga verbal

En plus des bibliothèques de Marseille, on retrouve la Médiathèque de Meyrargues, de Lançon-de-Provence, de Bouc-Bel-Air, d’Istres et de Gardanne. Pour s’épauler, Karwan a aussi fait appel à deux associations : Urban Prod, spécialisée dans les humanités numériques, entre autres, pour l’aspect « community management », et Zinc, spécialisé dans les arts et cultures numériques, davantage pour l’aspect technique. Jusqu’à fin novembre, le grand public peut contribuer sur le site, puis viendra le temps des ateliers de jeux graphiques et littéraires à être menés dans les différentes bibliothèques par Karelle Ménine et Alias Ipin. Place aux mots et au yoga verbal, comme aime à l’appeler Anne Guiot. Tiens, un petit dernier pour la route : « Mon village se dissout. Mon rivage est tabou. Mais les à-côtés sont fous. Les triangles isocèles sont coiffés au carré. Mais les pointes rebelles se défiant au vent érigent nos pensées endiablées au levant. » Une opération qui colle avec une des orientations principales de Karwan : le concept de « ville à livre ouvert ».

 

Charlotte Lazarewicz

 

Rens. Karwan : 04 96 15 76 30 / cadavresexquismetropolitains.fr