Zé Boaidé

L’Interview : Zé Boiadé

Zé Boiadé est la dernière formation musicale brésilienne lancée par l’association La Roda. Rencontre avec le quartet autour d’un couscous et d’un cheesecake maison, d’un enfant avec un pull en forme de poisson et d’un autre déguisé en chevalier…

 

Tout petit, Cristiano baigne dans la musique brésilienne à travers la religion de ses parents, le candomblé, dans lequel la musique tient une place importante. A dix-neuf ans, il intègre une école populaire de musique à Rio, où il approfondit sa maîtrise des guitares à quatre (cavaquinho), sept ou dix cordes (viole), le trombone et les percussions, avant de faire un bout de chemin avec Itibere Zwarg, contrebassiste du grand Hermeto Pascoal, et un groupe de trente-deux musiciens.
Pianiste de formation, Claire se prend de passion pour la mandoline, plus particulièment dans la musique brésilienne. Elle rencontre Cristiano à Rio où elle est partie prendre des cours de choro. C’est le coup de foudre, artistique et sentimental. Les événements s’enchaînent assez vite : création du duo Luzi Nascimento, participation au festival Mandopolis en 2006 dans les Alpes-Maritimes, fondation d’une famille avec Cristiano avec deux enfants à la clé et création de plusieurs formations musicales, dont Zé Boiadé avec Wim Welker à la guitare et Olivier Boyer aux percussions (le tambourin basque, pandeiro notamment) aujourd’hui.
C’est en sirotant sa bière sur la place de Pertuis en 2010 qu’Olivier écoute pour la première fois Cristiano et Claire, découvrant ainsi le choro. Mais ce n’est qu’à la faveur d’une balade dans la calanque de Sugiton en 2011 qu’il croise à nouveau la route du couple et qu’ils projettent de travailler ensemble.
Quant au guitariste, Wim, qui avait cotoyé Olivier en formation à l’IMFP de Salon-de-Provence, c’est un film sur le choro, Brasileirinho, un concert de Hamilton De Holanda et un stage au Brésil qui l’ont conduit vers Zé Boiadé.

 

Pourriez-vous nous éclairer sur les termes « choro » et « roda » qui reviennent souvent dans votre univers ?
Le choro est un style musical populaire au Brésil, apparu au 19e siècle. Il s’agit de la première musique urbaine de ce pays. D’un côté, elle est influencée par les musiques de salon européennes, destinées à la haute bourgeoisie et caractérisées par le piano. De l’autre, par les traditions populaires de rue, où la guitare et les percussions sont reines. Au final, on se retrouve avec une base harmonique classique à laquelle se greffent des rythmes afro-brésiliens. La population défavorisée se l’est approprié et l’a fait évoluer à tel point que l’on sent, selon les formations, un peu de samba, de polka, de mazurka, voire de valse. C’est donc une musique qui puise dans des racines lointaines et reste très moderne aujourd’hui. « Roda » signifie « ronde » en français. Appliquée au choro, on pourrait la définir comme une rencontre entre musiciens aguerris pour jouer ce répertoire en respectant des règles bien précises. Il y a donc très peu d’improvisations, mais plutôt des variations et peu de solos… On ne peut pas assimiler cela à un bœuf de jazz.

 

Comment peut-on justement définir le projet ?
Zé Boiadé est né en 2014. La matière première du projet reste le choro, soit trois-quarts du répertoire, et une grande influence de la musique du Nordeste brésilien. De manière générale, l’idée est de créer une musique autant savante que populaire. Cristiano compose et Claire écrit la plupart des textes. Mais les influences de chacun sont mises à contribution, entre le jazz chez Wim et la musique orientale chez Olivier.

 

Vos projets ?
Après une première représentation à la Cité de la Musique, on se produira à Londres, avant de revenir dans le Sud pour une résidence de quelques jours au Centre Social de la Seyne-sur-Mer. Ça nous permettra d’entrer en studio en étant bien préparé début octobre, avec pour objectif de sortir un album au printemps 2016 et, pourquoi pas, une présentation au Brésil.

 

Petit questionnaire à la Proust. Si Zé Boidaé était…
Un animal ? Un bœuf à lunettes.
Un objet ? Probablement une loupiote ou un couteau suisse. Les deux en même temps si possible.
Une plante ou une fleur ? Une sensitive (plante qui se couche ou se lève quand on la touche).

Propos recueillis par Guillaume Arias

 

Zé Boiadé : le 18/09 à la Cité de la Musique (4, rue Bernard Du Bois, 1er) après la projection-débat du court-métrage Saudade à 19h.
Rens. 04 91 39 28 28 / www.citemusique-marseille.com

Pour en (sa)voir plus : www.laroda.fr/creation-production/ze-boiade