Le paradis perdu

Le paradis perdu

Avant même Edward Snowden, un fameux lanceur d’alerte se trouvait dans nos rangs. Hervé Falciani, ancien informaticien français de la banque HSBC, a ainsi recueilli en 2008 les noms et comptes bancaires de 130 000 fraudeurs se la coulant douce au paradis fiscal de leur choix. Il les avait remis aux autorités françaises et il s’en est fallu de peu que l’écho soit étouffé. Puis des enquêtes ont enfin été menées, et pas qu’en France. La nommée SwissLeaks, menée par un groupe de médias internationaux, a débusqué et dévoilé un système généralisé et institutionnalisé de fraude fiscale. HSBC mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale. Elle devrait comparaître devant un tribunal correctionnel en France. Les peines à attendre ? Certainement pas celles que risque le trafiquant de shit. Un banquier aux Baumettes, vous n’y pensez pas ! Et que faire des mafieux trafiquants de drogue, des diamantaires au sang du trafic sur les mains, des hauts dignitaires de pays « amis », de ces milliers de fraudeurs rattrapés par la patrouille après avoir suivi les conseils intéressés de leur banque ? Ce vol d’argent public impuni, sans remède, nous mine. L’attente de justice va au-delà du sort de ces quelques-uns. Il en va de la survie du contrat social, de notre capacité à vivre ensemble, au-delà des privilèges. Convaincre que le modèle européen est à suivre, pas à abattre. Soit il est exemplaire, soit il faudra réécrire la page. Qui tiendra la plume ? Ce que nous reprochent nos ennemis les plus farouches, c’est en partie la corruption et l’exploitation. Les armes de notre modèle de domination. Avant de lutter contre le terrorisme, regardons en face nos propres errements. L’austérité protège l’argent de ceux qui ne supportent pas d’apporter leur contribution. Comment leur faire entendre ? Demander gentiment n’a pas l’air suffisant.

Victor Léo