Le Fantôme arménien par Thomas Azuelos

Le Fantôme arménien par Thomas Azuelos

Caucase départ

 

La sortie de la nouvelle bande dessinée de Thomas Azuelos, Le Fantôme arménien, est l’occasion de se pencher sur cette publication atypique et intimiste et de mieux comprendre son travail en quelques traits.

 

Quatre ans ont passé depuis notre dernière rencontre avec Thomas. Le côtoiement d’artistes de différents horizons lui semblait à l’époque important pour sa créativité ; d’où son installation dans un atelier pluridisciplinaire. Le déménagement de la Réserve à Bulles en septembre 2013, le dynamisme de ses responsables et son amitié avec eux l’ont convaincu de déplacer ses crayons.
Investi, il n’en garde pas moins du recul sur l’évolution technique du 9e Art : « Nous aurons des rouleaux de tissus informatiques dans la poche. Le moment venu, il faudra adapter le mode de narration en veillant à ce que les codes de l’industrie du jeu vidéo ne soient pas imposés à la bande dessinée numérique. » En attendant, notre homme s’intéresse à la « BD du réel » (documentaire, reportage). Le fait d’aborder des sujets en profondeur, de se déplacer sur les lieux inspirant une bande dessinée pour mieux se préparer, change la perception du lecteur. « Nous sommes moins dans le recyclage de fictions que précédemment. »
La Palme d’or du court métrage au Festival de Cannes 2010 pour Chienne d’Histoire de Serge Avédikian, pour lequel Thomas a réalisé les décors, a facilité la réalisation du Fantôme arménien. Ce guide de voyage dessiné nous emmène sur les traces du Marseillais Christian Varoujan Artin, de retour en Arménie avec sa femme, à la faveur d’une exposition de photos de rescapés du génocide de 1915. Où l’on croisera des figures historiques de la Turquie, d’Atatürk à Erdogan, au milieu d’habitants rencontrés entre Diyarbakir et Bogazdere. Au-delà du récit historique sur les relations entre Turcs, Kurdes et Arméniens depuis plus d’un siècle, on observe le cheminement intérieur de Varoujan pour mieux comprendre et assumer son identité arménienne.
Le style graphique du dessinateur se révèle original tout en servant un récit didactique. Les formes arrondies, adoucies par un trait semi réaliste, jouent sur l’émotion, tandis que des figures fantomatiques du passé, floutées, font appel à la mémoire, tout comme des reproductions de photos et d’extraits de paroles parsemés tout au long du récit.
Au final, une bande dessinée lumineuse qui immortalise un pan sombre de l’histoire contemporaine.

Guillaume Arias

  • Dans les bacs : Laure Marchand, Guillaume Perrier, et Thomas Azuelos – Le Fantôme Arménien (Editions Futuromolis – 2015)

  • Exposition Allers-retours, dans le cadre des Rencontres du 9ème art : du 22/04 au 11/07 au Centre aixois des Archives Départementales (25 allée de Philadelphie, 13100 Aix-en-Provence). Rens. : 04 13 31 57 00 / www.bd-aix.com

  • Rencontre-dédicace le 11/04 à la Librairie du Mucem (1 Esplanade du J4, 2e).

  • Présence au Week-end BD des Rencontres du 9e Art les 11 & 12/04 à la Cité du Livre (8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence)

Pour en (sa)voir plus : azuel.free.fr