La Folle Histoire des Arts de la Rue 2013

La folie des grandeurs

 

Après trois éditions attachées au répertoire de compagnies, l’édition spéciale 2013 de la Folle Histoire des Arts de la Rue arpente un territoire de six villes dont Marseille où des compagnies locales se partagent la scène avec des artistes d’Europe et de Méditerranée. De ville en ville, la Folle Histoire dresse ainsi son panorama de l’actualité des arts de la rue à travers une cinquantaine de représentations.

Une des vocations d’une Capitale européenne de la Culture, outre la réalisation de quelques travaux d’aménagements urbains, consiste à placer la culture au cœur de la cité, et donc à la diffuser auprès du grand public, par une stimulation de la création, une programmation éclectique, des événements majeurs, des tarifs attractifs et des lieux de représentation variées. La Folle Histoire des Arts de la Rue semble tout indiquée pour répondre à ces critères puisqu’elle invite le public à parcourir pendant trois semaines un panorama impressionnant de découvertes artistiques dans de multiples lieux. C’est dans le même ordre d’idée qu’Anne Guiot, directrice de Karwan et pilote de la manifestation, évoque les arts de la rue comme baromètres de démocratie : « Leur gratuité, leur capacité de contextualisation, leurs interpellations du public et leurs enjeux avec les pouvoirs publics en font des arts qui témoignent de la vitalité, des limites de démocratie des pays et villes où ils ont la possibilité de s’exprimer. » Cette année, le territoire d’expression s’avère vaste, la gratuité est de rigueur, et la création ne semble plus avoir de limites. D’ailleurs, en regardant le programme de la Folle Histoire des Arts de la Rue, il y a de quoi s’y perdre avant de devenir fou. Pour éviter cette déconvenue, Ventilo a tiré toute l’affaire au clair, mais il faut quand même s’accrocher un peu car le panorama est immense.

 

LE PARCOURS

Les festivités démarrent les 3 et 4 mai en bas de la Canebière. On y découvrira Le Vieux-Port entre flammes et flots, comme l’indiquent les très nombreuses affiches placardées partout en ville.

Les 7, 8 et 9 mai, un pont de l’Ascension tendu entre Marignane, Lambesc et Charleval propose quatre spectacles. A vendre est une déambulation théâtrale où habitats, habitants, entreprises, espaces verts de Marignane et Lambesc sont à vendre. Absolut Finland expose les clichés de la Finlande chorégraphiés par deux danseurs au cours d’un voyage décalé. Manners of Success est une présentation dansée et acrobatique, drôle et tragique, des bonnes manières à observer en société. Enfin, Les Batteurs de Pavés jouent Les 3 Mousquetaires, une première étape de création pour la troupe suisse.

Week-end du 10 et 11 mai, retour à Marseille. Rendez-vous sur les plages du Prado pour découvrir Traction, un ballet de tractopelles, sur l’esplanade de la gare Saint-Charles pour admirer Sport Fiction, une création du Ballet National de Marseille, ou encore sur le J4 pour écouter le spectacle musical de Tartar(e) et Gari Grèu.

15 et 16 mai, destination Port-Saint-Louis du Rhône et Aureille. La compagnie grecque Eekuipoiz propose avec Ithaka 24 autant d’actions imprévisibles de danse, arts plastiques et cirque contemporain au fil des rues. La compagnie Pernette présente quant à elle une Collection de six pièces chorégraphiques sur les émotions qui agitent la ville. La Faim des Apôtres, création pour douze acteurs à consommer de la compagnie Ilotopie, se présente comme un menu vivant pour manger sans impunité sur le dos des autres. Le Conte Abracadabrant et L’histoire de Princesse Courage (théâtre de rue pour enfants et adultes accompagnés) sont contés par les Batteurs de Pavés, montreurs de spectacles classiques en milieu urbain à la sauce helvétique. Enfin, perdu dans les dédales d’Aureille, Fabrice Watelet usera de sa gouaille dans T’as de la chance d’être mon frère, une histoire déambulatoire, touchante et drôle.

Du 17 au 20 mai, retour à Marseille. Le 17, outre Gourmandisiaque, spectacle théâtro-culinaire mêlant cuisine coquine, dégustation de mets aux vertus aphrodisiaques et conseils amoureux, c’est le jour le plus fou avec Moteurs !, la grosse soirée à la Cité des Arts de la Rue, où l’effervescence mécano-artistique sera à son comble. Les habitants de la Cité (Gardens, La FAI-AR, Générik Vapeur, Lézarap’art et Sud Side-ateliers spectaculaires) se réunissent à l’initiative de Karwan pour mettre les gaz ensemble sur une quinzaine de concerts, spectacles et autres performances… Les 18 et 19, Dream City 2013 propose un Voyage à l’Estaque, une biennale d’art contemporain en espace public sous forme de trois parcours louvoyant entre installations, performances, projections, compositions sonores ou musicales d’artistes du pourtour méditerranéen. Le dimanche 19, on découvrira encore un événement phare avec le Waterlitz du Générik Vapeur, un spectacle nocturne grand format sur le J4. En guise de clôture, le 20 mai, le Saint-Esprit incarné en Gulal (poudre colorée) déposera ses joyeuses couleurs sur toutes les têtes, amen, au cours d’une déambulation dansée orchestrée par la compagnie Artonik.

Si vous n’êtes pas rassasié, ou que vous souhaitez approfondir vos connaissances en la matière, il vous faudra grimper à bord du Porte-Folie, camion-expo et fil rouge de la Folle Histoire des Arts de la Rue, en déplacement sur les six communes pendant toute la durée de la manifestation. Une belle manière de poser la question, « en mots, en sons et en images », de l’état actuel de la création en espace public.

 Yves Bouyx

 

La Folle Histoire des Arts de la Rue : du 3 au 20/05 à Marseille, Marignane, Lambesc, Charleval, Port-Saint-Louis-du-Rhône et Aureille.

Rens. www.follehistoire.fr