Jusque dans vos bras © Ph Lebruman

Jusque dans vos bras au Théâtre du Gymnase

Chez nous

 

Les Chiens de Navarre reviennent au Théâtre du Gymnase avec Jusque dans vos bras. L’occasion de s’interroger sur le concept incendiaire de l’identité française et de voir comment l’absurde peut déstabiliser une propagande savamment orchestrée.

 

Ce qu’il y a de formidable dans le collectif des Chiens de Navarre, c’est cette manière d’embrasser la scène dans un jeu proche du réel, où l’on ne sait plus trop si les comédiens sont au service de la dramaturgie ou l’inverse. L’improvisation sur scène est un éternel débat où se confrontent les classiques et les modernes, les acteurs de renommée et ceux qui n’ont plus rien à perdre. Comment aborder le texte en restant soi-même ? Comment comprendre la portée de la voix si elle ne déclame pas ? Du côté de la danse, Jérôme Bel a su réinventer une chorégraphie où l’amateur décide de l’intention du geste avec ses moyens. Ce qui peut prendre une tournure ironique devient vite une expérience hors norme, par cette possibilité du public de s’identifier au corps sur la scène. Jean-Christophe Meurisse revendique également la mise en retrait du metteur en scène dans une égalité partagée avec les comédiens. La dramaturgie devient un canevas sommaire, où l’on pose les enjeux et la progression d’une pensée, mais le contenu est soumis à l’imperfection de l’improvisation pour mieux laisser remonter une situation explosive. De Jérôme Bel à Jean-Christophe Meurisse, en passant par Alain Platel, on découvre un théâtre qui refuse un esthétisme partagé. La forme doit découler d’une expérience brutale, le corps se colle à l’inattendu sous le regard du groupe. De cette mise à nu, l’inconscient devient un moteur transcendant qui nous amène vers des situations où l’acteur se confronte à l’espace du vide cher à Peter Brook. Le collectif se régénère dans une avancée vers l’inconnu, amorçant des situations qui repoussent les limites du consensuel et de la pensée unique. Dans ce jeu de déconstruction et de destruction d’un théâtre convenu, la scène devient un lieu de promiscuité propre aux attouchements et à un lâcher-prise total qui repousse les frontières de la morale, pour mieux repenser le monde qui nous entoure et les dangers qui nous guettent.

 

Karim Grandi-Baupain

 

Jusque dans vos bras : du 6 au 10/02 au Théâtre du Gymnase (4 rue du Théâtre Français, 1er).
Rens. : 08 2013 2013 / www.lestheatres.net
Pour en (sa)voir plus : www.chiensdenavarre.com