Homeland, Irak année zéro de Abbas Fahdel

Homeland, Irak année zéro de Abbas Fahdel

Guerre sans paix

 

Sorti le 10 février dans les salles de France, le chef-d’œuvre d’Abbas Fahdel, Homeland, Irak année zéro, est l’un des films les plus remarquables de ces dernières années. Une plongée de presque six heures au sein de la famille irakienne du réalisateur, pour embrasser au plus intime les réalités d’une guerre contemporaine.

 

Elles sont rares, aujourd’hui, les occasions de s’enthousiasmer sans réserves sur une œuvre cinématographique, de sentir profondément que l’on participe, au fil des heures, au temps de l’histoire, de l’Histoire, dans une vision toute deleuzienne du cinéma. Depuis le 10 février est bel et bien arrivé ce séisme dans les salles de cinéma hexagonales : Homeland, Irak année zéro, le film d’Abbas Fahdel, nous plonge durant près de six heures dans le quotidien d’une famille irakienne avant la chute de Saddam Hussein, puis dans les premiers mois de l’invasion américaine de 2003. Distribué par l’excellente structure Nour Films (à qui l’on doit récemment les formidables Spartacus et Cassandra ou C’est eux les chiens, et à partir du 16 mars le jouissif documentaire de Frank Pavich, Jodorowsky’s Dune), Homeland, Irak année zéro propose une immersion brillante, loin de tous clichés largement véhiculés sur ce conflit, au cœur d’une réalité humaine qui porte en son sein une large partie de la politique extérieure, au Moyen-Orient, des pays occidentaux. Mais au-delà, qui offre un regard à taille humaine, celui des membres de cette famille, celle du réalisateur, sur un quotidien méticuleusement égrené, dans la lignée du dispositif rouchien. La puissance de ce chef-d’œuvre fleuve se trouve sans nul doute dans la construction même, tout en orfèvrerie, du principe de narration, à l’encontre de ce sensationnalisme lénifiant qui a pétrifié toute tentative cinématographique — en l’occurrence hollywoodienne, suivez mon regard — sur la guerre d’Irak. La projection au festival de Lussas, l’été dernier, fut sans appel : toutes les personnes présentes n’ont pu que constater la puissante dimension presque cosmogonique d’une œuvre, disons-le tout de go, majeure. Nous ne saurions trop vous conseiller de ne rater en aucun cas la projection de ce film : parmi toutes les salles qui le programment, citons dans l’immédiat les deux projections qui auront lieu ce samedi 27 février, l’une à l’Alhambra de Marseille, l’autre au Méliès de Port-de-Bouc.

Emmanuel Vigne

 

Homeland, Irak année zéro de Abbas Fahdel :

  • le 27/02 à l’Alhambra (2 rue du Cinéma, 16e), en présence d’Edouard Méténier (agrégé d’histoire, rattaché à la chaire d’histoire contemporaine du Moyen-Orient arabe du Collège de France).
    Rens. : 04 91 03 84 66 / www.alhambracine.com

  • le 27/02 au Cinéma Le Méliès (12 rue Denis Papin, Port-de-Bouc).
    Rens. : 04 42 06 29 77 / cinemelies.fr