Ensemble Capella Gabbetta

Festival de Pâques

Jeune et surdoué

 

Peu de festivals peuvent prétendre à recevoir autant de formations orchestrales et réunir une telle phalange de solistes. S’étant forgé illico presto la réputation du plus accompli des amphitryons, le Festival de Pâques poursuit sa route, comme Ariane parmi ses suivantes, un degré au-dessus.

 

On n’aurait su par quel bout présenter les foisonnantes propositions musicales de cette cinquième édition si la première d’entre elles n’avait eu cet éclat des œuvres rares, anciennes et précieuses, pour servir d’appeau à toutes les autres. Le festival ouvre ses rideaux sur Le retour d’Ulysse dans sa patrie, dramma per musica de Claudio Monteverdi (1641) interprété par l’English Baroque Soloists avec à sa tête John Eliot Gardiner. Une œuvre clef de l’histoire de l’opéra dirigée en version concert par un pionnier du genre (le 11/04). Les amateurs de musique lyrique baroque apprécieront également une Passion selon Saint Matthieu élaborée par le Collegium Vocale Gent, ensemble fondé voici un demi-siècle par Philippe Herreweghe pour faire valoir les principes d’interprétation qui lui ont valu la Bach-Médaille de la ville de Leipzig en 2010 (le 14/04). Dans le même registre, l’Ensemble Cappella Gabetta fera vibrer les murs antiques de la Cathédrale Saint-Sauveur par la grâce de deux œuvres parmi les plus émouvantes du baroque sacré italien : le Salve Regina de Vivaldi et le Stabat Mater de Pergolesi (le 11/04).

Le Bamberger Symphoniker proposera une soirée germanique (Wagner, Brahms) avec Nelson Freire au piano dans le concerto n°4 de Beethoven (le 12/04). L’Orchestre national de France et les Chœurs de Radio France assortiront la construction cyclopéenne de la 9e symphonie du même compositeur et l’ossature puissante du Te Deum de Bruckner dans un concert augurant d’une impressionnante magnitude sous la baguette de Christoph Eschenbach (le 15/04). Le Chamber Orchestra of Europe est une émanation de l’Orchestre des jeunes de la communauté européenne ; comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’une formation symphonique. Son chef Andràs Schiff interprètera au piano le concerto n°2 de Brahms (le 13/04). La jeune et brillante Alexandra Conunova tiendra le violon solo du concerto en ré majeur de Tchaïkovski, œuvre qu’elle connaît sur le bout des doigts pour l’avoir jouée à la finale du concours éponyme. Elle sera accompagnée par le Filarmonica Teatro Regio Torino (le 18/04). The Knights (« Les Chevaliers »), ensemble aux préceptes iconoclastes mais dont l’expressivité emporte la conviction, constituera sans doute la surprise la plus décoiffante de cette année (les 20 et 21/04). Annulé, le concert de l’Orchestre national Bordeaux Aquitaine sera remplacé par un récital du pianiste Maurizio Pollini : d’un aléa surgit parfois une chance insigne (le 22/04). Comme un doigt levé vers la prochaine édition, le dernier concert en forme de pinacle invite le prestigieux Royal Philharmonic Orchestra sous le magistère du chef Charles Dutoit. Nous entendrons Le Carnaval romain de Berlioz, la Symphonie du Nouveau Monde de Dvorak et le Concerto pour violon n°2 de Mendelssohn avec en soliste Renaud Capuçon, le directeur artistique du festival.

D’autres formations pérennes ou circonstancielles, d’autres rencontres virtuoses, intergénérationnelles, amicales voire familiales viendront compléter, dans le répertoire de la musique de chambre, la variété et la plasticité des qualités allouées au talent, souvent insaisissables, mais sans limite supérieure. Réunies en bien peu d’années, l’estime des pairs et l’affection du public ont scellé l’influence de ce jeune festival dans le panorama musical européen.

 

Roland Yvanez

 

Festival de Pâques : du 10 au 23/04 à Aix-en-Provence.
Rens. : 08 2013 2013 / www.festivalpaques.com/fr/

Le programme complet du Festival de Pâques ici