Lilith de Marion Blondeau © Thierry Thibaudeau

Festival + de genres à Klap

Boys don’t cry

 

Klap programme du 17 au 26 mars la manifestation + de genres sur le principe des « spectateurices ». Il est question d’un réajustement de l’identité et de ce que désire la nouvelle génération dans son singulier et ses particularités.

 

 

Il est loin, le temps du pas compté et du placement des pieds dans une symétrie qui repousse l’ouverture des hanches au-delà du raisonnable. Le danseur est devenu un citoyen avec des revendications légitimes et des exigences sur la question du corps et de sa mise à disposition. Dans une réappropriation permanente, la danse est désormais partie prenante de la transversalité des esthétiques et de la politique des points de vue. La question du genre s’est d’abord invitée avec force dans le synopsis d’un conflit sociétal permanent. Elle a servi d’exutoire aux polémistes, aux conservateurs, à une morale de l’immobilisme qui replacerait la France dans l’histoire de France. Dans l’essai Gender Trouble, la philosophe américaine Judith Butler décortique la question du genre en posant le principe d’une féminité qui ne se regarde plus à travers la question du sexe, mais dans des actes répétés et symboliques propres à créer une révolution des habitudes de la pensée. En opérant un glissement vers la scène et les errements de l’interprète, le genre devient un jeu de position et d’attitudes propre à dessiner de nouvelles géométries et des perspectives d’avenir. Simple effet de mode ou mouvement générationnel qui peut déstabiliser tout sur son passage, le genre a trouvé une niche bienveillante dans la maison de la danse qui raffole de la dissonance. Comment matérialiser l’invisibilité d’une pensée, d’une revendication ? Faut-il abolir la question du sexe ou en créer un troisième ? On comprend de fait qu’y répondre serait une impasse et que seule la force des propositions est à même de nous transporter dans une expérience inédite ; un voyage où le charme de l’inconnu décloisonne les concepts, la rigidité, le suranné.

En invitant la chorégraphe Olivia Grandville, Klap prolonge l’histoire d’une danse qui se démultiplie à l’infini. Olivia Granville, c’est une arabesque, la jambe levée dans une hauteur raisonnable, au milieu d’un groupe posé sur le sable d’un voyage exotique. De cette pièce Necessito de Dominique Bagouet, il reste le souvenir ému d’une joie de vivre, d’un air de la détente, proche de la paresse et pourtant, tout se tient et s’agence à travers la multiplicité des couleurs, la simplicité des vêtements, la fantaisie des propositions. Dominique Bagouet avait déjà réinventé le genre du danseur, lui redonnant la normalité de la rue et du tout un chacun, comme une invitation à les rejoindre sur scène.

Le genre est une manifestation tout azimuts d’une société qui revendique le « je ». Une prise de la parole qui trouve un écho dans sa construction et sa manifestation.

 

Karim Grandi-Baupain

 

Festival + de genres : du 17 au 26/03 à Klap, Maison pour la Danse (5 avenue Rostand, 3e).

Rens. : www.kelemenis.fr

Le programme complet du festival + de genres ici