Le Caire confidentiel de Tarik Saleh

Festival Cinéma Télérama

Soyez sympas, rembobinez

 

C’est reparti ! Comme chaque année, une poignée de salles régionales — l’Alhambra de Marseille, le 3 Casino de Gardanne et les Renoir / Mazarin d’Aix-en-Provence — s’emparent du festival proposé par le magazine Télérama, permettant de revisiter les moments forts cinématographiques de l’année écoulée.

 

Avant de détailler l’intérêt d’un tel événement, il y aurait là matière à porter un regard critique sur les dysfonctionnements d’une industrie qui, bien qu’elle s’en défende, ne favorise plus la diversité de la création. D’une part, la toute puissance des mass medias culturels — dont Télérama en tête — a fortement uniformisé la dialectique d’une expression pourtant plurielle : on y retrouve toujours les mêmes cinéastes comme têtes de gondole, et l’on peut aller jusqu’à affirmer que la critique est mue par une idéologie dominante, et souvent jacobine, qui définit un film par son exposition, et non plus par ses facultés à réinventer les langages. D’autre part, un pan du geste cinématographique — dans son historiographie — s’est retrouvé mis à l’écart du jour où s’est produit ce glissement sémantique qui a conduit l’art à la culture. C’est déjà, par l’exemple italien, ce qu’évoquait en filigrane Pier Paolo Pasolini dans ses Lettres luthériennes. Alors certes, l’argument systématiquement soulevé reste le nombre important de films présentés en salles chaque année (près de 700), qui serait gage de cette diversité. Évidemment, il n’en est rien, nombre d’entre eux ne présentent que peu d’intérêt, et hormis quelques exceptions, aucun n’est réalisé en marge d’un système dominant. Ce constat une fois posé, quelques opus sortis cette année en salles sont toutefois empreints d’une vraie puissance cinématographique, et le festival Télérama tente de s’en faire l’écho. Du 24 au 30 janvier, les 335 salles hexagonales participantes ont le choix de piocher dans une sélection d’une vingtaine d’opus internationaux parmi les plus marquants de l’année 2017, sous forme de séances de rattrapage. On y retrouve, pêle-mêle, les incontestables très belles surprises, d’Un homme intègre de Mohammad Rasoulof à Une vie violente du cinéaste corse Thierry de Peretti, en passant par Faute d’amour d’Andrey Zvyagintsev, Le Caire confidentiel de Tarik Saleh, le sublime Certaines femmes de Kelly Reichardt ou l’inévitable 120 battements par minute de Robin Campillo. Nous ne nous attarderons pas sur les plus mitigés Visages villages, L’Atelier ou Barbara, mais ne bouderons pas notre plaisir de pouvoir s’offrir ainsi un panorama cinématographique significatif d’une création internationale qui a, en l’occurrence, fait derechef les belles heures des plus éminents festivals.

 

Emmanuel Vigne

 

Festival Cinéma Télérama : du 24 au 30/01 à l’Alhambra (2 Rue du Cinéma, 16e), au 3 Casino (Gardanne) et aux Cinémas Renoir et Mazarin (Aix-en-Provence).
Rens.: www.telerama.fr