Edito 304

Edito 304

« Alors, ça va donner quoi, cette capitale ? » La question revient sans cesse (et nous ne sommes certainement pas les seuls auxquels on la pose), sans que l’on sache trop quoi répondre. Et encore, elle n’intéresse pas vraiment les médias nationaux, obnubilés, dès qu’il s’agit de mettre en lumière la cité phocéenne, par le sensationnalisme kalachnikovien qui agite les quartiers Nord depuis quelques mois ou la forme olympique de l’actuel leader de la Ligue 1. Tout juste certains d’entre eux font-ils état de l’imbroglio entourant l’expo consacrée à Camus à Aix-en-Provence, sans préciser à quel point la situation est symptomatique de l’état général du territoire Marseille Provence, entre manœuvres politico-financières et guéguerres de communes. Rappelons qu’à un an de sa tenue à l’occasion du centenaire de la naissance de l’auteur de L’Etranger, l’exposition Camus, l’homme révolté – annoncée comme l’un des événements phares de MP 2013 – n’a, à ce jour, toujours pas de commissaire, après l’éviction du « trop orienté »(1) Benjamin Stora, puis le désistement de Michel Onfray, bien décidé à « prendre le large de cette pétaudière ».
« Alors, ça va donner quoi, cette capitale ? » A quatre mois du lancement des festivités (les hostilités, elles, ont déjà démarré depuis un bon moment), il est toujours aussi difficile de répondre. Et nul doute qu’il faudra attendre le 12 janvier 2013 pour savoir à quoi pourront bien servir les bénévoles qui ont répondu à l’appel gonflé de la mairie de Marseille.
La bonne nouvelle de cette rentrée, c’est que quelques acteurs culturels indépendants, loin de se laisser abattre par ce climat délétère, font (miraculeusement) perdurer leurs projets quand ils n’en initient pas, avec ou (souvent) sans l’appui des institutions. Ce premier numéro de la saison s’en fait le témoin : les traditionnels mastodontes de la rentrée (Marsatac, ActOral…) ne sont plus seuls à faire l’actualité. Entre la réouverture de deux« mythiques » salles de concert, la naissance de nouveaux lieux (le Percolateur, le Mur de Juxtapoz…) et des initiatives réjouissantes (Plateaux libres, Ouvertures d’Ateliers d’Artistes…), il semblerait que, malgré le bordel ambiant, une certaine résistance culturelle s’organise.

 CC

 

Notes
  1. Selon Maryse Joissains, manifestement nostalgique de l’Algérie française. La maire (UMP tendance populiste) d’Aix-en-Provence a également annulé au dernier moment une série de manifestations prévues de longue date pour commémorer le cinquantième anniversaire des accords d’Evian (19 mars 1962) []