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Cycle « Libres et insoumis » à l’Institut de l’Image

L’usine à rêves

 

A l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, le cycle d’octobre est consacré à cette poignée de réalisateurs libertaires qui ont partagé l’utopie d’un art cinématographique détaché des contraintes industrielles, afin d’explorer les espaces de liberté que pouvait encore offrir la condition humaine.

 

 

L’histoire du cinéma français est jalonnée de réalisateurs qui ont, par tous les moyens, tenté de s’extraire des immenses contraintes qu’imposait cette industrie, afin de souffler sur la pellicule un vent de liberté empreint d’humanisme. Claude Faraldo, Jean Eustache, Jean Epstein, René Allio, Jean-Pierre Thorn, Jacques Rozier, Jean-Pierre Mocky, René Vautier, Luc Moullet… Autant de noms qui ont construit la cinématographie hexagonale : certains sont au bord de l’oubli, d’autres luttent et tournent encore, mais aucun d’entre eux ne peut laisser le spectateur indifférent, et tous viennent rappeler qu’il était possible, quelle que soit l’époque, de tourner en toute liberté, en échappant aux formatages esthétique et financier qui plombent singulièrement une majeure partie de la production contemporaine. Certes, les soubresauts de l’histoire ont accompagné ces artistes libres (la fin des 60’s et le début des 70’s furent des périodes particulièrement propices), mais il serait fortement réducteur de ne les limiter qu’à leur environnement socio-politique. L’Institut de l’Image propose ainsi une belle rétrospective de films libres et insoumis, portés par des convictions libertaires profondes, bravant parfois tous les risques de la censure. De grands films traversent sans conteste ce panorama, à l’instar des Naufragés de l’île de la Tortue de Jacques Rozier, film rare d’un des plus grands cinéastes issus de la Nouvelle Vague (il en fut même l’un des pères avec Rentrée des classes), ou le somptueux Avoir 20 ans dans les Aurès, que viendra présenter Moïra Chappedelaine-Vautier, fille du réalisateur René Vautier, dont est présenté également l’opus de 1971, Mourir pour des images. Deux films de Jean Epstein, La Chute de la maison Usher et Le Tempestaire, viendront par ailleurs nous rappeler que l’avant-garde et la liberté totale au cinéma étaient déjà au cœur du geste cinématographique (ce fut le cas plus particulièrement chez les Russes), ce dès les années vingt. Citons enfin au cœur de cette programmation les films de René Allio (les sublimes La Vieille Dame indigne et Rude Journée pour la reine), récemment sortis par Shellac, et surtout le polar incontournable de Jean-Pierre Mocky, Un linceul n’a pas de poches, que le réalisateur, toujours vert et rebelle, viendra présenter en personne.

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Libres et insoumis » : du 1er au 14/10 à l’Institut de l’Image (Cité du Livre – 8/10 rue des Allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

Le programme complet du cycle « Libres et insoumis » ici