Polyester de John Waters

Cycle «Humour, satire et subversion» à l’Institut de l’Image

Du rire aux armes

 

Si le rire, la satire, la dérision, la subversion ont parfois été considérés dans nos sociétés obscurantistes comme une arme à combattre, ses fonctions dans l’art transcendent la critique sociale. Dont acte en ce mois d’avril à l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, pour un cycle consacré à la subversion au cinéma.

 

La subversion et la satire sont sans aucun doute deux des fonctions premières du geste artistique. Si le 20e siècle en témoigne parfaitement, les saillies subversives de l’art remontent à ses origines. Elles restent un moyen efficace de poser un regard mordant sur les dysfonctionnements d’une société, ou plus globalement d’un groupe d’individus. Plus proche de nous, les courants avant-gardistes dadaïstes, lettristes ou situationnistes ont parfaitement fusionné les finalités artistiques et révolutionnaires. La critique subversive se révèle donc comme praxis d’un dépassement de l’art. L’œuvre de Jean-Yves Jouannais, L’Idiotie, rendait compte de l’importance des divers mouvements qui ont traversé le siècle dernier. La subversion par l’humour comme renversement des hiérarchies : telle est la fonction suprême de la création, à laquelle n’échappe heureusement pas le cinéma. Pour en témoigner, l’Institut de l’Image propose un cycle cinématographique construit sur les grandes figures anglo-saxonnes dont l’œuvre parfois anarchique a fortement marqué l’imaginaire déjanté d’une certaine cinéphilie. A commencer par John Waters, dont le Polyester de 1981 offre une expérience de cinéma particulièrement délectable : les mésaventures de la princesse Divine sont partagées par le spectateur en odorama, réinventant l’idée de celui qui regarde / agit, chère à Daney. Les Monty Python trouvent également ici une place de choix, avec deux opus sélectionnés, Sacré Graal et La Vie de Brian, ce dernier présenté par l’équipe de Fluide Glacial, en partenariat avec les Rencontres du 9e Art. De nombreux auteurs classiques du répertoire — et non des moindres — viennent pimenter cette programmation, de Blake Edwards à Mel Brooks, en passant par Jerry Lewis ou les Marx Brothers. Ou quand le rire moqueur rejoint ici sa critique biblique : rire du sacré.

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Humour, satire et subversion » : jusqu’au 28/04 à l’Institut de l’Image (Salle Armand Lunel – Cité du Livre, 8/10 rue des allumettes, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 26 81 82 / www.institut-image.org

La programmation complète du cycle « Humour, satire et subversion » ici