Mars et Rhea Silva de Peter Paul Rubens © Liechtenstein. The Princely Collections, Vaduz–Vienna

Les Collections du Prince de Liechtenstein au Caumont Centre d’Art

Les princes de bel art

 

La nouvelle exposition du Centre d’Art Caumont donne l’opportunité d’entrer dans l’intime artistique d’une famille princière qui, si elle est peu connue de la sphère people, n’est pas en reste dans celle du marché de l’art. Un remarquable panorama du goût princier est présenté ici, de Cranach à Rembrandt, en passant par Raphaël.

 

Pays minuscule coincé entre la Suisse et l’Autriche, le Liechtenstein dispose de somptueuses demeures comme celle de Vaduz, à la décoration néo-rococo exubérante. La principauté compte parmi elles un sublime palais baroque à Vienne, vestige d’un temps où les princes en possédaient dans toute l’Europe avant que le Liechtenstein ne devienne un Etat. Il abrite une grande partie des œuvres de l’une des plus prestigieuses collections privée mondiale, celle des princes du Liechtenstein, que le souverain actuel, Hans-Adam II Von Liechtenstein, complète via une politique d’acquisitions régulières dans le goût du patrimoine. Si l’art contemporain en est de fait absent, on peut citer les récentes acquisitions, comme ces bijoux de la Renaissance allemande ou flamande que sont La Venus de Cranach et La Vierge à l’enfant de Gossaert.
Conduite par le Dr. Johann Kräftner, directeur des collections princières à Vienne et Vaduz, l’exposition présentée à l’Hôtel de Caumont propose une étonnante rétrospective de l’art ancien avec une sélection absolument rarissime de peintures d’une qualité de conservation exceptionnelle. Les Collecteurs d’impôts de Quentin Metsys subjugue ainsi par ses couleurs flamboyantes, paraissant excessivement actuel à bien des égards.
Le meilleur de la collection est retracé ici en une cinquantaine de tableaux qui illustrent les demeures princières, regroupant en conséquence un ensemble d’œuvres majeures du XIVe au XIXe siècle. Une douzaine d’aquarelles représentant les intérieurs et l’architecture de ces résidences princières offrent l’occasion de découvrir le Biedermeier, courant artistique allemand et autrichien du XIXe siècle peu connu en France, dont le style très réaliste se rapproche des reproductions photographiques.
L’attrait de l’exposition s’explique aussi par l’hétéroclisme des pièces retenues, oscillant entre scènes animalières, natures mortes et portraits, jusqu’aux fleurons de la peinture hollandaise et flamande. Trop volumineux, les objets d’art et les sculptures n’ont pu être exposés dans les salles intimistes de Caumont, mais s’offrent une fenêtre de visibilité grâce à une scénographie ludique et ingénieuse ouvrant sur un cabinet de curiosité de la cour.
Le mécénat des princes leur a permis de détenir la plus grande collection privée de Rubens. Soit trente-cinq tableaux, qu’un astucieux dispositif vidéo rend présents sur place, voisinant avec deux pépites du maître flamand : la magistrale Mars et Rhéa Silvia, qui évoque le mythe de la fondation de Rome (pièce qui appartient à la famille princière depuis 1710), et sa sublime esquisse (achetée en 1977), qui apporte un éclairage sur les étapes de travail de l’artiste.
Ceux qui n’auront pas la chance d’aller à l’exposition événement du Grand Palais à Paris consacrée à Elisabeth Vigée-Lebrun (jusqu’au 11 Janvier) pourront quant à eux se consoler avec le magnifique portrait de Karoline von Liechtenstein présenté ici, une princesse aux pieds nus sous les trais d’Iris.
On se laisse ainsi facilement séduire par cette famille, amie et mécène des peintres, qui préféra leur commander des portraits de leurs descendants posant avec leurs jouets plutôt qu’avec des armes. Nul ne résistera ainsi au saisissant portrait de la très jeune Marie Franziska par Friedrich von Amerling, d’un réalisme stupéfiant et propulsant la douce candeur de l’enfance du côté de la fascination.
Il n’est pas exclu que vous achetiez en sortant un billet pour Vienne, tant cette exposition vous aura donné envie de découvrir le reste de trésors de cette famille princière.

Marie Anezin

 

Les Collections du Prince de Liechtenstein : jusqu’au 20/03/2016 au Caumont Centre d’Art (3 rue Joseph Cabassol, Aix-en-Provence).
Rens. : 04 42 20 70 01 / www.caumont-centredart.com

Pour en (sa)voir plus : www.liechtensteincollections.at