© Christophe Fort

Christophe Fort Vs Netflix

La loi du plus Fort

 

Le 16 septembre 2008, Marseille obtenait le label Capitale Européenne de la Culture avec un budget de 91 millions d’euros financés à 84 % par l’Union européenne et les collectivités. Dans l’euphorie qui s’est emparée de la ville, les artistes se sont retrouvés au premier plan avec le sentiment que tout redevenait possible et que le moment était venu de tenter sa chance.

 

Au printemps 2007, un peu à la manière d’un prequel, Christophe Fort fait un rêve. Celui de voir accrochées, sur dix-sept mètres de hauteur, les neuf lettres de Marseille dans les quartiers Nord, en reprenant la typographie héritée du monumental « Hollywood ». Le lendemain, il se rend en moto sur le bord de l’autoroute et photographie les collines aux alentours de l’Estaque. Il réalise, avec un ami graphiste, un montage sur Photoshop en utilisant la vue du massif de l’étoile, au pied de l’émetteur de télévision. Au-delà de l’impact visuel pour l’ensemble de la population, il y a l’idée sous-jacente de revendre les lettres à des entreprises du secteur privé et de reverser l’ensemble de la somme (estimée à 300 000 euros) à une association pour la lutte contre le cancer. Le 9 juillet 2007, Super U se propose d’acquérir une lettre. Le 2 janvier 2008, Olivier Gineste, directeur général de la communication et des relations extérieures à la mairie de Marseille, transmet le projet de Christophe Fort à l’adjoint au maire Jean Mangion. Le 13 mai 2008, La Banque Populaire et Provençale de Corse joint une lettre au dossier, en proposant de financer le projet dans le but de valoriser l’image de Marseille. Le projet reçoit, finalement, un avis favorable de la mairie le 27 avril 2009. Christophe Fort, de son côté, enregistre son idée à l’Inpi qui gère le dépôt des marques. Avec un tel engouement, difficile de rêver d’un meilleur départ… Et pourtant, les enjeux politiques vont reprendre le dessus avec l’association Colinéo-Assenemce, qui se manifeste contre le projet avec une pétition envoyée à Jean-Louis Borloo, ministre de l’Écologie et de l’Environnement de l’époque, et portant l’intitulé suivant : « Nous souhaitons dénoncer, ici, un projet marketing « maquillé » : apposer MARSEILLE « comme à Hollywood » en lettre géante (17m de haut) sur la Chaîne de l’Etoile, au détriment de l’environnement comme de l’aspect paysager pourtant cher aux marseillais» Le maire Jean-Claude Gaudin finira par retirer l’avis favorable donné à Christophe Fort. Là où les regrets se font plus présents, c’est avec l’arrivée de la série Marseille produite par Netflix. Le géant américain prend l’initiative d’ériger, à l’identique, les neufs lettres sur une parcelle privée de Grand Littoral et qui pose la question des accords passés. Christophe Fort a donc décidé d‘attaquer Netflix pour plagiat, cette dernière lui ayant répondu qu’elle ne le reconnaissait pas comme l’auteur du projet. Affaire à suivre…

 

Karim Grandi-Baupain

 

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