Chagall, songes d'une nuit d'été aux Carrières de Lumières

Chagall, songes d’une nuit d’été aux Carrières de Lumières

L’art et la matière

 

Les Carrières de Lumières des Baux-de-Provence célèbrent le maître de la modernité dans un grand bain musical. L’exposition multimédia Chagall, songes d’une nuit d’été se décline en douze thèmes et autant de séquences qui balaient l’œuvre et la vie de l’artiste dans un spectacle intimiste, à la fois poétique et rayonnant.

 

Toujours réalisée par Gianfranco Iannuzzi, Renato Gatto et Massimiliano Siccardi, cette nouvelle invitation au dialogue entre ce lieu magique et un peintre est l’une des plus belles réussites du dispositif, à laquelle s’ajoute une véritable immersion dans les compositions célestes et oniriques du maître de Vitebsk.
« Chagall ici, c’est un jeu de matière, sur la matière, commente Augustin de Cointet de Fillain, le directeur des Carrières. L’idée était de montrer que Chagall a rajouté la couleur comme une matière, comme un sujet de la peinture à part entière et pas seulement comme un élément de composition. Elle constitue vraiment un élément en soi. »
Les Carrières offrent un écrin exceptionnel aux scènes inspirées de La Bible que Chagall avait appris à lire et à aimer pendant son enfance. Via un effet de zoom sur les œuvres projetées, la texture du tableau ainsi que les coups de pinceau ou la matière du trait, tout comme le grain de la toile, répondent allègrement au relief de la pierre, aux aspérités et aux volumes des murs de la carrière. Par ce biais, nous entrons petit à petit dans le tableau comme nous nous étions introduits dans la vie de Chagall par épisodes thématiques interposés (la guerre, les vitraux, Daphnis et Chloé, les mosaïques…).
Né en Russie en 1887, Marc Chagall a grandi dans une communauté de juifs hassidiques où la danse et la musique tenaient une place très importante. La scénographie repose d’ailleurs essentiellement sur cette dernière, soigneusement choisie en collaboration avec le célèbre pianiste Mikhail Rudy, qui a connu Chagall à la fin de sa vie. Elle transcende l’œuvre par la force des compositions, et la rend plus attractive, plus proche de nous.
Emporté par les mélodies de Janis Joplin (Les collages) ou les airs de Carmen (pour le sublime plafond de l’Opéra Garnier de Paris, son œuvre la plus populaire), le public se met à danser ou à diriger des opéras imaginaires au milieu des images projetées. Les musiciens, les artistes de cirque deviennent des voisins de noces et de fêtes. Tels les personnages du peintre, êtres ailés, mariés amoureux ou violonistes virevoltants, on s’envole dans le lyrisme ambiant.
Si certains s’attendaient à trouver un Chagall flamboyant aux couleurs vives et claires, ils seront (agréablement) surpris de découvrir un spectacle plus singulier, presque ouaté et infiniment émouvant.
Le film pour enfants Au pays d’Alice, hommage à Lewis Carroll qui termine la projection est au diapason, lui aussi propice à l’évasion. Loin des standards du film d’animation, il livre une version sage et espiègle de l’histoire d’Alice où les lapins blancs de la campagne et les chats sourient dans la nuit jusqu’à devenir lune du soir.

Marie Anezin

 

Chagall, songes d’une nuit d’été : jusqu’au 8/01/2017 aux Carrières de Lumières (Route de Maillane, Les Baux-de-Provence).
Rens. : www.carrieres-lumieres.com

> Intégrale des Carrières (spectacles des saisons passées) : du 25 au 27/07, du 1er au 3/08 et les 16 & 17/09. Uniquement sur réservation via le site web.