Boreal Wood

Portrait : Boreal Wood

Songe d’une nuit d’éther

 

On les suit assidument depuis quelques temps déjà et on peut parier que vous allez bientôt en entendre (beaucoup) parler. Eux, c’est Boreal Wood, jeune duo originaire de Toulon qui distille une pop à la fois atmosphérique et incandescente. Rencontre.

 

Lors de leur passage au festival Faveurs de Printemps à Hyères en avril dernier, nous évoquions la musique de Boreal Wood en ces termes : « Une pop bipolaire qui n’a pas fait de choix entre le ciel et la terre ». D’un côté, des mélodies électroniques planantes, célestes. De l’autre, des (murs de) guitares saturées rappelant les grandes heures du shoegazing — ce mouvement musical baptisé ainsi en raison de la propension de ses fleurons à fixer leurs baskets en usant et abusant de pédales d’effet.
Anton et Eliz ont justement l’âge du shoegazing, 27 printemps chacun, « l’âge de mourir en rock stars », comme ils le disent eux-mêmes en rigolant (« Comme on a un peu merdé sur l’évolution du groupe, si on meurt maintenant, ça sera du gâchis, donc on vise plutôt l’âge du Christ… »).
Et là ne se situe pas la seule passerelle que l’on peut établir avec le mouvement né outre-Manche à la fin des années 80. Car le duo toulonnais s’est miraculeusement placé sous la houlette de Robin Guthrie, co-fondateur des Cocteau Twins (excusez du peu !), qui a en effet apposé sa patte sur le prochain six titres de Boreal Wood, F.L.A.R.E.S.
L’histoire de Boreal Wood est celle d’un coup de foudre artistique, dans tous les sens du terme. Si Anton et Eliz fréquentaient les mêmes cercles depuis quelques années, leur aventure commune commence par le biais d’un autre médium que la musique, quand, il y a trois ans de cela, ils partent à Berlin pour un stage de photo. Eliz, fan d’urbex (ou exploration urbaine, activité consistant à visiter des lieux construits par l’homme, en général interdits ou difficiles d’accès), entraîne Anton dans un parc d’attraction abandonné près de la capitale allemande. Un lieu magique (qui a hélas brûlé depuis), recouvert par une abondante végétation… boréale. « On s’y est paumés, le gardien du parc nous a chassés, c’est un souvenir très fort. » Les deux jeunes gens profitent de leur séjour outre-Rhin pour se découvrir d’autres affinités que la photo : la culture geek et la musique bien sûr, à commencer par la new wave, l’électro, New Order, The Cure, mais aussi Daho, dont ils reprendront plus tard la chanson Bleu comme toi.
Disponibles, ils décident de faire table rase de leurs projets respectifs passés pour esquisser un projet commun qui mêlerait leurs influences partagées, mais aussi « complémentaires » : le shoegazing, la noise et la dream pop pour lui (My Bloody Valentine en tête), la pop synthétique et les « trucs un peu catchy » pour elle (Blonde Redhead, Metric, Yeah Yeah Yeahs…).

 

Climats (bi)polaires
Leur entente musicale sonne comme une évidence. « Sans le vouloir vraiment, nos deux façons de jouer et de concevoir la musique, d’imaginer des mélodies, nous ont permis de créer notre propre truc. Ça s’est affiné ensuite. Et puis il n’y a pas de conflits d’ego, on a une osmose parfaite ! » Un unisson que l’on ressent à l’écoute de ce nouvel E.P., qui fait la part belle aux compositions éthérées et contemplatives, évoquant tout autant les grandes étendues nordiques que la lumière de ce Sud de la France qu’ils ne renient jamais. « Même si on ne s’appelle pas Provençal Wood (rires), on a un rapport particulier avec la mer et le soleil, le voyage est beaucoup plus proche quand on habite ici. »
Ici, c’est Toulon donc, d’où est originaire le duo, même si en semaine, Elise exerce sa « vraie » profession de formatrice du côté de Nice, où elle copine avec les Hyphen Hyphen ou Benjamin Fincher. Toulon, d’où un autre porte-étendard de la scène locale, El Botcho, édite les disques de Boreal Wood via le label Toolong Records. Egalement soutenus par Tandem, qui les a inscrits dans le réseau TREMA (Territoire Régional Et Musiques Actuelles), et forts de quelques concerts (festival Pantiero à Cannes, premières parties d’Isaac Delusion et François & The Atlas Mountain…), les deux comparses fonctionnent à la débrouille et à l’entraide, admirant « l’énergie positive » qui se dégage du collectif marseillais Microphone (Oh Tiger! Mountain, Kid Francescoli, Husbands, Johnny Hawaii…). Avec qui ils ne désespèrent pas de collaborer prochainement. On ne peut en tout cas que leur souhaiter de connaître le même destin que leurs homologues phocéens tant leurs mélodies saisissent par leur beauté, invitant au voyage comme au rêve. Vous avez dit dream pop ?

CC

 

Sortie de l’E.P. six titres F.L.A.R.E.S (Toolong Records) le 1/11.
En concert avec Chassol et Jay-Jay Johanson le 31/10 à l’Espace Malraux (Six-Fours-les-Plages).
Rens. : www.espace-malraux.fr/

Pour en (sa)voir plus : http://borealwoodband.com / www.facebook.com/borealwood