Le Cœur battant de Roberto Minervini

Au seuil du commun au Polygone Etoilé

L’utopie, la vérité de demain

 

L’association Peuple et Culture Marseille investit une nouvelle fois l’espace du Polygone Etoilé de la Joliette, pour une proposition cinématographique élaborée avec le programmateur indépendant Federico Rossin, Au seuil du commun.

 

Construire une programmation cinématographique, c’est élargir le champ des films. En premier lieu par les vibrations connexes qui se répondent d’une œuvre à l’autre : on montre les films comme l’on déroule le fil d’Ariane, avec toujours à la sortie cette idée de partage. Plus les formes sont libres, plus les interactions entre elles doivent être précises, réfléchies, pertinentes. C’est ce que parvient à proposer, parmi une poignée d’autres structures, et ce depuis de nombreuses années, l’équipe de Peuple et Culture Marseille. Dont acte lors de deux nouvelles soirées de projections au Polygone Etoilé, présentées en collaboration avec Federico Rossin. Ce globe-trotter cinéphile d’origine italienne, critique et historien du cinéma, a participé, en qualité de programmateur indépendant, à de nombreux festivals et manifestations cinématographiques européens. Il distille ici une proposition pertinente qui tend à définir les enrichissants points de friction entre les films, et à quel instant le conflit peut apparaître — au sein de l’œuvre, ou d’une œuvre à l’autre. Et ce que cela suscite, vis-à-vis du spectateur et de la pensée partagée. Afin d’ouvrir cet espace d’échanges, une poignée de (beaux) films donneront à voir sur l’écran du Polygone les luttes et les dialogues afférents. Si certains sont déjà quelque peu connus d’un public cinéphile, c’est bel et bien le jeu de miroir qui intervient ici. A commencer par Reprise du travail aux usines Wonder, réalisé en 1968 par les élèves de l’IDHEC, et dont Hervé Le Roux tirera le film Reprise, près de trente ans plus tard. Ce geste cinématographique salué en son époque par tous les cinéphiles activistes marqua un point d’orgue de l’utopie révolutionnaire. Ce film court (neuf minutes !) sera suivi de la projection des extraits de quatre œuvres tournées au Portugal durant (ou peu après) la Révolution des Œillets. Le lendemain, ce sont deux longs-métrages récemment sortis en salles qui prolongeront la réflexion : le très intéressant Iranien d’une part, que le réalisateur Mehran Tamadon accompagne aux quatre coins du globe depuis plusieurs semaines, avec près de soixante-dix débats organisés en sa présence, et le trop injustement discret Le Cœur battant, très bel opus de Roberto Minervini, creuset d’une forme romanesque où s’abattent les frontières entre documentaire et fiction. Une proposition cinématographique qui s’achèvera le dimanche 8 février, à 11h30, dans les bureaux de l’association, par un moment d’échanges informels.

Emmanuel Vigne

 

Au seuil du commun : les 6 et 7/02, au Polygone Etoilé (1 rue Massabo, 2e).
Rens. : 09 67 50 58 23 / www.peuple-culture-marseille.org

La programmation détaillée du cycle Au seuil du commun ici