On vous voit

Création : performance entre rap, danse et poème de Samir Laghouati-Rashwan (20')

Dans une performance aussi physique que critique, Samir Laghouati-Rashwan met en question les lectures fétichisantes du corps minoritaire, notamment racisé, produites par le regard dominant. Inscrivant la pièce dans l’univers du gaming, il file par ce biais l’analogie entre une objectivation subie et le jeu de rôle qui lui répond : « Je rentre skin, je mets mon masque player, je joue le jeu ». Les espaces sociaux qu’il évoque deviennent des décors et les paroles rapportées les dialogues formatés d’une fiction ironiquement présentée comme ludique. Éclairés par des néons au sol, au rythme d’une nappe aux sonorités profondes, le performeur et le danseur Trésor égrènent la litanie de ces adresses en apparence innocentes, inconscientes de leur fond raciste. Le corps qu’ils opposent est lui engagé dans un mouvement très rapide, inspiré par la sturdy dance, exécuté jusqu’à l’essoufflement. Il risque souvent la chute mais sait manier l’esquive, une façon de mettre en défaut cette appropriation érotisante qui nie jusqu’à leur individualité.


Samir Laghouati-Rashwan est diplômé des Beaux-Arts de Marseille - INSEAMM (2020). Il dirige actuellement l’espace Drift Space à Marseille et fait partie du programme d’accompagnement des Ateliers de la Ville de Marseille mené par Triangle-Astérides, centre d’art contemporain d’intérêt national. Dans sa pratique, Samir Laghouati-Rashwan s’empare de petits objets d’apparence triviaux, quotidiens, contemporains et surtout apolitiques. Une bouteille de tonic ou un survêtement retroussé à la cheville. Des chariots de supermarché et des vitres de caravanes. Le travail qu’il développe autour de ces objets met cependant à mal leur prétendue banalité ; ils deviennent porteurs d’histoires coloniales et de complexes géopolitiques. Depuis sa sortie d’école, son travail a été montré dans Hijack City à la galerie de la SCEP (Marseille), Sur pierres brûlantes à Triangle-Astérides (Marseille), Les chichas de la pensée aux Magasins Généraux (Pantin), Diaspora at Home à la fondation Kadist (Paris), au Show-Room Art-O-Rama (Marseille), Festival Around Vidéo (Lille), La Relève II - la compagnie - (lieu de création à Marseille) et Material Witness à Eliane project (Bordeaux).
 

Distribution

Une performance écrite et pensée par Samir Laghouati-Rashwan
Danseur Trésor

Montévidéo
Les 10 et 11 oct. : mar 21h30 - mer 20h30
3/6 €
www.actoral.org
3 impasse Montévidéo
13006 Marseille
04 91 37 97 35

Article paru le mercredi 13 septembre 2023 dans Ventilo n° 486

Festival Actoral

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En pleines formes

 

Filant la métaphore d’une couronne de pain dès son identité graphique, la nouvelle édition d’Actoral met en bouche notre temps et vient chercher l’appétit de tous nos sens.

    À l’heure où nous écrivons ces quelques ligne, les crayons de couleur de l’été sont un peu mâchouillés, et la rentrée de septembre nous accable déjà de ses nouveautés et de surinformation. Si c’est à contrecœur que nous quittons la nonchalance estivale, on peut se consoler en se rappelant que septembre est aussi le mois d’un rendez-vous devenu incontournable dans cette rentrée culturelle qui s’étirera jusqu’à la mi-octobre. Si le festival Actoral est synonyme de profusion, il n’en est pas moins aux antipodes du consumérisme appauvrissant qui nous entoure : ici, chacune des soixante-douze propositions est une petite pépite en soi, la signature d’un regard délicat et parfois en même temps une œillade provocatrice envers une société qui s’emballe. Dans la cour de Montévidéo, la petite équipe nous attend pour un point presse avec Hubert Colas, fondateur de cet événement qui a acquis sa dimension actuelle en 2013, il y a dix ans. Celui-ci se plaît d’ailleurs à rappeler le rendez-vous confidentiel que furent les toutes premières éditions, qui réunissait quelques aficionados de la littérature poétique et autres mordus de théâtre, avant que d’évoquer les différentes propositions des deux cents artistes invités au festival cette année. Mais comme à son habitude, Hubert étant de ceux qui se mettent aussi au service des autres artistes, il offre la primauté du tour de parole à trois artistes alors en résidence dans ce formidable outil qu’est Montévidéo : Anne-Sophie Turion et Éric Minh Cuong Castaing nous parlent ainsi de leur installation performative intrigante sur les hikikomori (voir ci-dessous), tandis que le jeune Darius Dolatyari-Dolatdoust nous parle de son amour pour le textile, davantage passionné par le réinvestissement de ce qui existe déjà que par la création, dans une perspective écologique plus que louable dans l’art du vêtement, et dont on peut voir les immenses fresques brodées sur les murs de Montévidéo jusqu’en octobre. Tout les distingue, mais on flaire une même dynamique, sensible au monde qui les entoure et immergée dans celui-ci, bien loin d’une expérimentation incongrue et confidentielle menée dans une tour de verre. De ce même lieu, épicentre du projet d’Actoral menacé par une expulsion comme beaucoup le savent déjà, nous ne parlerons guère dans ces colonnes car l’heure est aux délicates négociations. Nous apprenons que l’État et la Ville de Marseille semblent avoir répondu à l’appel à l’aide d’Hubert Colas, tous conscients de l’incontournable utilité de cet espace de fabrication des œuvres les plus singulières, souvent reconnues par la suite dans les plus gros lieux de diffusion, et maillon incontournable de la vitalité artistique de notre temps pour la ville, l’hexagone et au-delà. Non sans un certain paradoxe, la question devient presque patrimoniale pour la création contemporaine. Estimant cet archipel fertile et prolixe, une ordonnance 45 du ministère de la Culture impose désormais une pérennité de l’usage culturel de ces bâtiments. Puisse le propriétaire l’entendre aussi de cette oreille, c’est tout ce que nous leur — et que nous nous — souhaitons ! Pour revenir à notre présent, l’édition 2023 d’Actoral reprend les ingrédients et les (bonnes) recettes qui ont fait son succès : un investissement du territoire marseillais avec un week-end d’ouverture qui se lie aux dix ans du Mucem, une politique de partenariat avec des grands théâtres comme avec de petites librairies, une polymorphie des formes proposées et une dynamique festivalière qui, par sa programmation journalière sur quatre semaines et ses moments festifs, permet une densification et une unité du public qui se retrouvera de soir en soir, au fil des propositions. Un public à qui ces artistes semblent vouloir faire écouter ce que la société éveille en eux, dans une pluralité de formes « souvent aux confins du burlesque et du macabre »… Vaste programme, dans lequel nous vous invitons à prendre le risque sur quasiment chaque proposition, tant l’ensemble est alléchant. Faisant fi de l’exhaustivité, mais conscients que notre lectorat reconnaîtra beaucoup de noms dans la programmation faite de fidélités artistiques (Christophe Fiat, Mohamed El Khatib, Laura Vazquez, Dorothée Munyaneza, Tommy Milliot, Léa Drouet, Rodrigo Garcia, Dieudonné Niangouna, Dana Michel, la Need Company… et tant d’autres qui échappent à ce name dropping, faute d’espace), nous avons sélectionné des propositions qui arrivent tôt dans l’agenda. Affaires sensibles, à faire, à suivre…  

Joanna Selvidès

 

Actoral : du 21/09 au 14/10 à Marseille.

Rens. : www.actoral.org

Le programme complet du festival Actoral ici

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