Giselle...

Conférence théâtrale par 2b Company autour du ballet romantique de Théophile Gautier (1h50). Conception et mise en scène : François Gremaud. Interprétation : Samantha van Wissen. Musique : Luca Antignani, d’après Adolphe Adam. Dès 14 ans

Théophile Gautier a écrit Giselle, archétype du ballet romantique, pour une danseuse qu’il aimait. François Gremaud ne fait pas autre chose, en poursuivant sa trilogie consacrée à de grandes figures féminines tragiques des arts vivants classiques : Phèdre, Carmen et, dorénavant, Giselle, irrésistiblement portée par Samantha van Wissen, de la compagnie d’Anne Teresa de Keersmaeker.

Sur scène, elle interprète une oratrice qui prétend parler de la pièce et expliquer les figures complexes du ballet pour mieux les danser. Une œuvre de partage à la forme hybride, conférence chorégraphiée, qui met à nu le contexte de sa propre création. Un pari audacieux, pleinement mené, où le jeu des musiciennes, accompagnées de cette voix à l’élocution fluide et lumineuse, nous emporte jusqu’à ce que tout le corps s’y mette... La pièce prend vie, en même temps qu’elle nous est racontée. Un délicieux temps de suspension, proche de l’apesanteur, lors duquel se déploient des trésors de pédagogie et une joyeuse puissance vitale.

 

Note d'intention 


« Giselle… Mon intention est toute entière contenue dans ce titre. Bien sûr, on le devine, il sera question de Giselle, le plus fameux et plus représenté des ballets classiques. Pourtant, bien que son principal sujet, il ne sera pas le véritable sujet de ce spectacle. Ce dernier se cache sous les points de suspension, ce signe de ponctuation qui, dans la littérature romantique, traduit l’inexprimable, extériorise sans les nommer les états d’âme d’un sujet sensible et exprime l’ineffable de l’émotion. C’est l’office que remplit la danse dans le ballet, mais c’est aussi – et c’est le véritable sujet de Giselle… – le prodige qu’accomplissent les interprètes. Mon ambition est de mettre en partage avec les spectatrices et spectateurs, par le biais d’une oratrice évoquant les différentes facettes du ballet (sa propre fable autant que celle qu’il raconte, son esthétique musicale et chorégraphique, le contexte historique de sa création, etc.), cet état de suspension, proche de l’apesanteur, dans lequel peuvent me plonger les interprètes, ces passeurs d’étonnement, et l’ineffable de l’émotion qui me saisit quand je les regarde. Théophile Gautier a écrit Giselle pour une danseuse qu’il aimait, je ne fais pas autre chose. Samantha van Wissen est de ces interprètes qui m’ont fait – et me font encore ! – tant aimer ces arts que l’on dit vivants et qui ne cessent de célébrer la joie profonde d’être au monde. Selon Julien Rault, maître de conférences en linguistique et stylistique, le dénominateur commun lié à l’interprétation du point de suspension « se fonde sur la valeur de latence, au sens plein : le signe en trois points fait apparaître que quelque chose est susceptible d’apparaître ». Puisse dans Giselle… apparaître – encore une fois ! – de cette ineffable joie, cette « force majeure » dont « le privilège est de savoir triompher de la pire des peines » comme le résume formidablement le philosophe Clément Rosset. »
François Gremaud

Le ZEF, Scène nationale de Marseille - Merlan
Le mardi 7 février 2023 à 20h30
5/15 €
https://www.lezef.org
Avenue Raimu
13014 Marseille
04 91 11 19 20