Kimberose + Kokoroko + Marion Rampal

Empêcheuse de chantonner en rond, trop follement éprise de la musique pour la ranger dans des boites étanches, Marion Rampal, telle Nina Simone ou Joni Mitchell, n’en fait qu’à sa tête, qu’elle garde aussi près des étoiles que du coeur.

Après bien des explorations et des collaborations aux quatre vents, c’est avec des chansons faites maison qu’elle reprend la scène, la voix posée, nue et frémissante, l’écriture subtilement créolisée par le travail du temps et boucanée par le feu de l’expérience. Ce répertoire, TISSÉ, c’est comme un bercail que Marion Rampal s’invente au fil de l’air et des mélodies : une “île aux chants mêlés” où elle parle “la langue des coeurs coulés” et sur laquelle elle rayonne avec une élégance d’astre. A travers un folklore original glané au gré des ans et des rencontres, Folk, musique cajun, Blues, Soul, Maloya… la chanteuse propose un concert hors du temps, intime et chaleureux, un univers troublant de sensibilité.

Remarquée auprès d’Archie Shepp avec qui elle collabore depuis 2012 en France et aux USA (l’album I Hear the Sound nominé aux Grammy Awards), Marion Rampal est une songwriter totale qui nourrit un répertoire éminemment personnel et d’une luxuriante créativité: de la folk song la plus emblématique aux partitions classiques, des intonations pop aux confidences blues, sa voix s’impose en véritable instrument. Elle tisse un lien singulier entre mémoire et invention, mot et mélodie, musiques populaires afro-américaines et racines classiques occidentales. Elle a su imposer son style unique à la fois comme leader notamment dans son album Main Blue (avec PF Blanchard et Anne Paceo) et au gré de collaborations fidèles avec Raphaël Imbert ou le Quatuor Manfred (ByeBye Berlin chez Harmonia Mundi/PIAS pour lequel Marion Rampal est nominée au prix Opus Klassik 2019). En 2019 elle sort aux côtés de Pierre-François Blanchard un album étonnant à la croisée de la mélodie, du jazz et de la chanson : le Secret, salué par la critique. Elle collabore depuis auprès d’artistes croisant comme elle jazz, chanson ou musiques classiques : Anne Paceo “S.H.A.M.A.N.E.S”, Tribe from the Ashes avec Sandra N’Kake et Ji Drû, ou encore l’Ensemble Contraste.

Kokoroko fait partie intégrante de la florissante scène émergente de Londres, de ces cercles musicaux tous influencés par le jazz mais dont chacun a puisé une inspiration pour faire émerger des directions différentes. Emmené par Sheila Muairce-Grey, leur premier EP est le tout premier du groupe, presque un an après la sortie d’Abusey Junction, un morceau qui a dépassé les 21 millions d’écoutes sur Youtube. À travers ce projet, le groupe de 8 musiciens dévoile une musique à la hauteur de cette mémorable introduction l’année passée, offrant une vision plus élargie de leur musique singulière, chargée de soul et d’afrobeat, dont les racines s’enfoncent jusque dans l’Afrique de l’Ouest et se retrouvent mâtinées de teintes londoniennes certaines.

La trajectoire de Kimberose est exemplaire, une sucess storie construite grâce au public. Cette jeune chanteuse française de 26 ans, aux origines anglo-ghanéennes, nous emporte en quelques secondes dans un univers de soul et de funk. Tout a été très vite comme le fruit d’une évidence fracassante. Elle est certainement une de nos chanteuses soul les plus talentueuses et pourtant, elle n’a jamais pris le moindre cours de solfège, de chant ou de musique. Elle fait tout au feeling, et Dieu sait qu’elle en a. On l’a vue dans l’émission Taratata et ce fut une révélation. Elle délivre ses complaintes avec l’expérience d’une femme d’âge mûr que la vie aurait érodée. En deux albums studios dont le dernier “Out” et des centaines de concerts, on a pu découvrir tout son talent et sa spontanéité qui font d’elle une artiste à voir en live. On n’aime pas beaucoup comparer les artistes mais avec Kimberose, il y a un nom qui revient quand on l’écoute, et c’est celui d’Amy Winehouse.