Édouard Exerjean

Musique classique : récital de piano et textes.

Édouard Exerjean vous livre à travers ce concert ses deux passions que sont le piano et les textes.
Né à Marseille, Édouard Exerjean manifeste très tôt des dispositions pour la musique. Il commence l'étude du piano à six ans et ses dons s'affirment rapidement. Peu après une autre révélation n'a cessé de compter pour lui : le goût du théâtre. Il souhaite devenir comédien, mais la musique l'emporte.
Élève de Madeleine de Valmalète, de Marcel Ciampi et surtout de Pierre Barbizet, il fait parallèlement des études universitaires à la Faculté des Lettres d'Aix-en-Provence. Sa prédilection pour la littérature va lui permettre d'aborder d'autres formes d'expression où il s'illustre avec bonheur : la critique musicale et les conférences.
Toutefois la musique s'impose et l'impose. Des tournées pour les Jeunesses Musicales de France comme pianiste et conférencier lui font découvrir la musique de chambre et son répertoire infini. En 1975, il fonde avec Philippe Corre un duo de piano dont la réputation franchira les frontières. Une importante discographie sera couronnée en 1990 par un Grand Prix du Disque pour l'enregistrement des Danses Slaves de Dvorak.
C'est alors la tournée des grands festivals français : Aix-en-Provence, Festival du Marais, La Roque d'Anthéron, l'Eté Musical de l'Orangerie de Sceaux, Musique en Côte Basque, les Semaines musicales de Quimper, le Festival Chopin à Bagatelle, etc. A l'étranger, il se produit en Europe, Chine, Indonésie...
D'autre part, il a collaboré avec Roland Petit pour le ballet Tout Satie.
Depuis 1991, il a enfin réuni ses deux passions : la musique et la littérature dans des spectacles où il est à la fois le pianiste et le comédien.
À son activité de concertiste, Edouard Exerjean a joint celle, tout aussi importante, de l'enseignement en étant professeur de piano dans les conservatoires de Paris. Il a dirigé également une classe de musique de chambre au Conservatoire National de Région de Marseille (1991 à 2000). 

http://edouard-exerjean.com/edex/

Bastide de la Magalone
Le vendredi 2 juillet 2021 à 20h30
8/12 €
http://www.citemusique-marseille.com/
245 bis boulevard Michelet
13009 Marseille
04 91 39 28 28
04 96 11 04 61

Article paru le mercredi 22 janvier 2020 dans Ventilo n° 440

Mes partitions littéraires d'Édouard Exerjean

L’instinct de conversation

 

Le pianiste Édouard Exerjean nous invite dans son salon, sur la scène du Théâtre Comœdia, entre son fauteuil et son piano. Avec un air de ne pas y toucher, il nous fait la conversation : drôle, cultivée, émouvante, légère, musicale... en tournant les pages de ses partitions littéraires. La performance d’un artiste aussi entier ne se manque pas ; il est si rare « qu’un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l’avait réclamé.((Marcel Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs))»

Comédien de tempérament, Édouard Exerjean éveille le texte à la parole, l’esprit à la chair, la poésie à la musique. Musicien hors pair, il articule sur son piano tous les enchantements de l’imaginaire en laissant le livre grand ouvert. Il renouvèle pour nous ce plaisir presque enfantin que l’on s’offre à écouter aux portes, curieux et indiscrets, une histoire, une mélodie, en laissant son esprit valser, se bercer d’une romance ou courir l’aventure d’un impromptu. De l’intelligible et du sensible, Édouard Exerjean éclaire les deux instances au moyen d’un agencement concerté de miroirs et d’échos pour dire à coup sûr ce que l’on ne saurait entendre autrement que dans la convergence des arts. À son Parnasse, il invite Cocteau, Poulenc, Anouilh, Satie, Guitry, Chabrier, Albéniz, Prévert et « l’ami idéal((George Painter, Marcel Proust, Mercure de France))» le délicieux mélodiste Reynaldo Hahn... Le dandysme y voisine avec le sacré, l’évanescence d’Ancien Régime croise l’opérette Troisième République, le ridicule d’amour-propre flirte avec la blessure narcissique. Sous les ciels d’orage de la première moitié du XXe siècle, la subtilité de l’expression, la grâce des apparences et le trouble des symptômes interfèrent dans un espace-temps culturel courbé par un astre absent autour duquel pourtant tous, compositeurs et écrivains ici réunis, semblent graviter. (Mais, chut... Proust, c’est pour un prochain spectacle). Il entre, dans ce jeu de cache-cache entre musique et littérature, les ruses d’un humour haut de plafond quand l’art qui le perfectionne se dissipe dans l’élégance du naturel. De son tabouret de pianiste à son fauteuil de conteur, Édouard Exerjean lutine avec style, escrime de la fine pointe de sa fantaisie tel L’homme au gant du Titien, le geste désinvolte mais le regard acéré. Ses mains ne font que poursuivre la conversation sur le clavier ainsi que le feraient deux amies donnant du relief au moindre motif, de l’intérêt aux petits riens, riant de la vanité de tout, battant le rythme des temps intensément vécus dans un théâtre de l’intime où les figurants sont bien sûr de l’étoffe dont on fait les livres. Le pianiste partage avec nous l’une de ces heures d’exception « où l’on a soif de quelque chose d’autre que ce qui est ((Marcel Proust, Du côté de chez Swann))». Son piano se fait ondoyant pour traduire avec une perfection mimétique les climats instables, tantôt les houles profondes et graves, tantôt les écumes enjôleuses, des nocturnes et autres barcarolles au goût du jour ; ou bien d’une touche claire et virtuose, il nous brosse un paysage irisé d’harmonies lumineuses (un Albéniz de la plus belle eau), nous croque une scène de genre vibrante et vraie (sa Villageoise de Poulenc est d’une trempe gaillarde à souhait). Tout cela rechampi d’un bon mot ou d’une nouvelle piquante comme s’il jouait pour le parterre des invités de Mme Verdurin. Le portrait d’une époque, d’un milieu, d’une sensibilité. On s’y croirait, mon cher Édouard.  

Roland Yvanez

 

Édouard Exerjean – Mes partitions littéraires : le 25/01 au Théâtre Comœdia (Aubagne).

Rens. : www.aubagne.fr

Pour en (sa)voir plus : http://edouard-exerjean.com