Ubu

Création : farce infernale et jubilatoire par le Badaboum Théâtre d'après Alfred Jarry. Mise en scène : Anne-Claude Goustiaux, assistée de Fabien Hintenoch. Dès 4 ans

Ubu est capitaine de dragons, officier de confiance du roi Venceslas, décoré de l’ordre de l’Aigle rouge de Pologne, ancien roi d’Aragon, comte de Sandomir, docteur en pataphysique, grand maître de l’ordre de la Gidouille, mais voilà : ça ne lui suffit pas ! Et quitte à zigouiller à tour de bras comme le lui souffle la Mère Ubu, il veut devenir roi à la place du roi de Pologne.
Dans sa course folle à la couronne, il est tour à tour menteur, méchant, radin, peureux, idiot, goinfre... Il complote, trahit, envahit, tape, avec l’impunité d’un enfant dans un bac à sable. Et, une fois assis sur le trône, il ne pense plus qu’à garder tous les sous pour lui et écrabouiller ceux qui s’y opposent. Ubu est une pièce satirique sur un tyran terriblement humain. Terrible comme le sont les enfants : affreusement attachants. Inventé il y a à peine plus d’un siècle, le bouffon au gros bidon est devenu le juste représentant du pouvoir absurde et totalitaire, et il est aujourd’hui si célèbre qu’il a prêté son nom au langage courant : est ubuesque ce qui est monstrueux, grossier, dingue. Si l’auteur qualifiait sa pièce de drame, c’est pour en rire bien sûr, mais c’est aussi parce que le tableau est fâcheux. Et si Ubu ne mâche pas ses mots, Jarry non plus, qui critique sans ménagement un monde autoritaire que nous reconnaissons facilement. Quand, à travers une langue neuve, fougueuse et tonitruante, Jarry nous pose la question du pouvoir et de la liberté, c’est une fantaisie hors norme qui s’empare du théâtre, nous livrant cette farce infernale et jubilatoire !

Badaboum Théâtre
Du 20 au 30 mars : 14h30
6,50/8 €. Réservation conseillée au 04 91 54 40 71
http://www.badaboum-theatre.com/
16 Quai de Rive-Neuve
13007 Marseille
04 91 54 40 71

Article paru le mercredi 13 dcembre 2017 dans Ventilo n° 401

Ubu au Badaboum Théâtre

Uburlesque

 

Comme à son habitude, le Badaboum s’attaque — avec brio — à un classique, faisant du Ubu d’Alfred Jarry un moment jubilatoire, autant pour les petits que pour les grands.

  Une question se pose d’emblée : comment expliquer aux enfants qu’il s’agit d’une histoire d’assassinat et de prise de pouvoir (totalitaire) dans un monde où tous les personnages sont sournois et lâches, voire bêtes et méchants ? Car Ubu est loin d’être un personnage héroïque, bien au contraire, et son entreprise s’avère plutôt douteuse : tuer le roi de Pologne et s’enrichir par tous les moyens. Sans compter sa femme mère, perfide et cruelle… Le couple est donc prêt à tout pour parvenir à ses fins. Son complice, le Prince de Bougrelas, joué par un troisième acteur (qui campera d’ailleurs tous les autres personnages), n’est pas en reste pour les aider dans cette aventure. Le trio nous amène dans une aventure burlesque, dans laquelle le premier mot prononcé par Ubu (« merdre ») positionne d’emblée le personnage du côté du ridicule et du comique — les enfants (plutôt les 4/5 ans que les 8/10) rient à gorge déployée. Car le propos importe peu ici ; les cris, les sonorités, les coups et les bruits vont rapidement prendre le dessus pour donner un certain rythme à la pièce ; les acteurs jouent, tapent, crient, font du bruit, se courent après, font la guerre, s’enfuient, se font attaquer par un ours. Le tout dans un esprit de drôlerie et de bouffonnerie, et dans une joie communicative non dissimulée pendant cinquante minutes. Leur périple se terminera en bateau, en France, et en chanson, faisant jubiler tous les spectateurs, petits comme grands. Grâce à quelques perruques et quelques accessoires simples (deux couronnes, deux tabourets, un balai, un marteau), les acteurs, très convaincants, nous entrainent du début à la fin dans un voyage comique. Mention spéciale à Marianne Fontaine, la mère Ubu, hautement burlesque. Les enfants sont conquis par cet esprit de liberté, en voyant au-delà du drame qui se joue sous leurs yeux. Ils n’ont pas besoin de tout saisir pour être emportés par le rythme et la mise en scène, joyeuse... Quant aux grands, ils trouvent là une parfaite définition du mot « ubuesque ».  

Cécile Mathieu

 

Ubu : jusqu’au 29/12 au Badaboum Théâtre (16 Quai de Rive-Neuve, 7e). Rens. : 04 91 54 40 71 / www.badaboum-theatre.com