Le Portrait (V.O.)

Thématique consacrée aux films qui tirent le portrait de leurs contemporains

Jeune Bergère de Delphine Détrie est le portrait d’une femme qui décide de plaquer sa vie de graphiste à Paris pour créer une bergerie en Normandie. Quand on la rencontre, cela fait déjà quelques années qu’elle s’est installée, mais la galère n’est pas finie. C’est une héroïne du quotidien, mère célibataire bricoleuse et débrouillarde, que l’on suit dans toutes les aventures de sa vie d’agri-cultrice. À travers elle, c’est le portrait d’une génération qui se dessine, décidée à revenir à la terre malgré les difficultés. Venez rencontrer la réalisatrice le 8 mars. 

Autour de ce film, Le Gyptis se penche pendant 6 semaines sur ces films qui tirent le portrait de leurs contemporains, allant à la rencontre d’un ami, d’un ennemi, d’un membre de sa famille ou d’un collectif pour nous offrir de vraies rencontres, au plus proche des contradictions, des affects et des doutes de leurs personnages. 

Nous accueillons à nouveau le célèbre psychiatre Georges Federmann, avec qui le réalisateur Swen de Pauw mène un entretien fleuve dans Comme elle vient. Celui qui était, dans Le Divan du monde, dans une position d’écoute, se lance cette fois dans un flot de paroles, dans l’idée de transmettre sa vision de son métier et plus largement sa vision du monde. 

Nous avons le plaisir de vous proposer une reprise du festival international de films sur la musique F.A.M.E., avec deux films dont l’un est un portrait de la chanteuse M.I.A.. À travers une collection impressionnante d’archives, le documentaire nous fait voir tout le parcours de cette enfant tamoule vers la reconnaissance mondiale. 

Une autre rencontre phare de ce programme : Edwy Plenel qui vient présenter le documentaire dont il est, avec l’équipe de son journal, le héros : Depuis Mediapart. À ne pas manquer ! 

S’il est évident d’avoir envie de dresser le portrait des figures que l’on aime, il est moins facile de faire celui de ses ennemis… C’est ce que tentent de faire Alassane Diago dans le très troublant Rencontrer mon père, ainsi que Mehran Tamadon dans Bassidji. Ce dernier, invité de l’ouverture du festival La Première fois, fait le portrait des défenseurs de la République Islamique d’Iran… 

Et pour finir, nous vous proposons des rencontres avec les réalisatrices de deux pépites du genre documentaire : Hélène Milano pour Les Charbons ardents et Daniela Lanzuisi pour Juste un jeu, qui chacune dresse le portrait d’une jeunesse en quête de repères et de liberté.

Cinéma Le Gyptis
Du 13 février au 26 mars 2019
5/6 €
Rens. 04 95 04 96 25
www.lafriche.org
136 rue Loubon
13003 Marseille
04 95 04 96 25

Article paru le mercredi 20 fvrier 2019 dans Ventilo n° 423

Cycle « Le Portrait » au Cinéma Le Gyptis

Portraits cachés

 

Une fois de plus, le Gyptis s’impose, par la qualité de ses cycles et thématiques, parmi les salles les plus sémillantes qui soient. Dont acte avec « Le Portrait », nouveau rendez-vous qui offrira, tout au long du mois de mars, une programmation de grande qualité.

  C’est hic et nunc la puissance de l’écriture documentaire : l’art du portrait se décline aujourd’hui au fil des œuvres qui scandent les sorties cinématographiques. Un portrait singulier et pluriel du monde et des êtres qui l’habitent, mais au-delà, un processus de rencontre et de communication, comme le rappelle Amanda Rueda, avec la personne-personnage, ou le groupe dont elle est issue : « Le portrait engage divers espaces sociaux de visibilité, de l’espace privé et domestique à l’espace public de l’exposition. » À l’instar du récent Six portraits XL d’Alain Cavalier, ces films mettent en valeur la temporalité du travail de terrain, dans son rapport au réel, tout autant que dans l’espace accordé au hors-champ. Le portrait est une universalité, une sémiotique des langages communs. Et l’occasion de grandes pages cinématographiques, comme en témoigne le superbe cycle que lui consacre au mois de mars Juliette Grimont, programmatrice du Gyptis (et de La Baleine) : autour d’une poignée de films de haute volée se dessine en filigrane, au-delà du portrait individuel ou de groupe, celui d’une mise en perspective de filiations et de décloisonnements. À commencer par deux sublimes films à sortir en salles : Amal de Mohamed Siam, incroyable portrait d’une jeune fille rebelle dans l’Égypte post-révolutionnaire, et Rencontrer mon père d’Alassane Diago. Autre avant-première à ne pas manquer : la cinéaste Hélène Milano, dont nous reste en mémoire le très beau Les Roses noires, tourné à Marseille, viendra présenter le deuxième volet — masculin — de ce diptyque, Les Charbons ardents, tourné à Port-de-Bouc, tout aussi puissant et humain que son premier geste. Alors que Daniela Lanzuisi accompagnera la projection, en ouverture de la nouvelle édition des RISC (Rencontres Internationales Sciences & Cinémas), de son dernier opus Juste un jeu, l’une des rencontres-événements de cette programmation de mars au Gyptis se fera autour du film Depuis Mediapart de Naruna Kaplan de Macedo, plongée hors norme au cœur de ce journal indépendant dont les investigations ne cessent de bousculer les pouvoirs en place, avec la présence exceptionnelle de son créateur, Edwy Plenel. Enfin, en écho à l’exposition proposée à la Friche, la soirée Regards Migrants offrira l’occasion de découvrir les œuvres de trois cinéastes de talent, Raphaël Botiveau, Hélène Baillot et Amélie Derlon Cordina. Sans oublier les projections des films Bassidji de Mehran Tamadon, dans le cadre du festival La Première Fois, Comme elle vient de Swen de Pauw, accompagnée d’une rencontre également exceptionnelle avec Georges Federmann, ou le mythique La Femme au portrait de Fritz Lang, qui rappelle, s’il était nécessaire, tout le talent de l’acteur Edward G. Robinson.  

Emmanuel Vigne

 

Cycle « Le Portrait » : jusqu’au 26/03 au Cinéma Le Gyptis (136 rue Loubon, 3e).

Rens. : 04 95 04 96 25 / www.lafriche.org

Le programme complet du cycle « Le Portrait » ici