Ronde de nuit

Cycle consacré au cinéma policier français nocturne

Le commissaire Coleman mène l’enquête à bord d’une Plymouth Fury III noire. C’est Un flic, celui du dernier film de Jean-Pierre Melville. Image métallique, silence glacial, personnage froid, l’univers policier du réalisateur s’éloigne volontairement du réalisme. Les gangsters sont anoblis, la police polie et respectueuse même si elle peut avoir la main leste.

Police-gangsters, entre les deux il y a Le doulos, l’indicateur en argot. « Lorsque nous suivons Reggiani le long de ces murailles suintantes de crasse, nous savons déjà que nous nous engluons dans une tragédie : le malheur se saisit de nous comme Reggiani est saisi par la nuit. » 1 écrit Jean Wagner à propos de la scène d’ouverture du premier film policier de Melville.

La nuit, les dispositifs de l’état d’urgence sont comme des obstacles inutiles au milieu des rues vides. Un seul homme erre encore à cette heure-ci dans Les yeux de la ville de Tom Lebaron-Khérif alors que le son des sirènes se rapprochent.

Inquiétant, surtout lorsque l’assassin traverse furtivement le brouillard nocturne de La nuit du carrefour de Jean Renoir. Film méconnu du réalisateur qui n’hésite pas à nous plonger dans le noir : « J’ai peut-être un peu exagéré l’obscurité, j’ai mis de l’obscurité partout, non seulement dans les plans, mais dans l’histoire, dans mon scénario, dans mon découpage, dans le dialogue. » 2

Dans le film de Manfred Sternjakob, Hypnos, un homme se réveille difficilement après une soirée arrosée avec une femme dans une chambre d’Hôtel. Lieu propice aux criminels comme au Détective de Jean Luc-Godard qui fait défiler un ballet d’acteurs français dans les couloirs d’un grand Hôtel Parisien.

Johnny Halliday, l’une des vedettes du film, avait beau chanter vingt quatre ans auparavant Retiens la nuit, celle-ci s’en va ! Au grand dam de Jean Gabin dans le film de Marcel Carné, Dès que Le jour se lève.

1. Jean-Pierre Melville, Jean Wagner. Paris : Seghers, 1964. Cinéma d’aujourd’hui.
2. Jean Renoir présente pour la télévision son film La nuit du carrefour en 1962.

Videodrome 2
Du 19 février au 23 février 2019
5 € (+ adhésion annuelle : 3 €)
Rens. 04 91 42 75 41
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
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