La Tête dans les étoiles (V.O.)

Thématique autour du rêve

Diamantino, héros du film éponyme, est un candide. Figure d’abord hilarante avant de devenir touchante, sa grande naïveté l’empêche de se rendre compte de son gigantesque pouvoir et de s’en servir à des fins personnelles. Il devient pour le spectateur un moyen de voir le réel de façon extérieure, comme si sa naïveté nous lavait les yeux de nos préjugés. Autour de lui, Le Gyptis vous propose une programmation telle une constellation de films, à travers le cinéma de Damien Chazelle, celui de Pierre Salvadori, de Claire Denis ou encore d’Alice Rohrwacher. Chez le premier, les personnages ont des étoiles dans les yeux, chez le second ils sont dans les nuages, chez la troisième ils ne touchent plus terre et chez la dernière, ils ont la tête en l’air ! À vous de décider la formule qui vous convient le mieux, ce qui est sûr c’est que vous n’êtes pas certains de retomber sur vos pieds. Les personnages des films de ces quatre grands artistes sont des rêveurs : qu’ils parviennent ou non à modeler le réel selon leurs rêves, ils nous font changer de regard, adopter pour un moment leur façon de voir le monde. 

Alain Cavalier nous rend à nouveau visite : il a ressorti de ses archives personnelles les portraits de six de ses amis. Il les a filmés sur le long cours, on les voit développer leurs obsessions dans le temps, celui qu’il faut pour qu’on rentre dans la complexité de leurs visions. 

Une autre habituée – car Le Gyptis aime suivre le parcours de ses réalisateurs de prédilection – nous revient en cette fin d’année : Claire Simon nous rend visite pour Premières Solitudes, où elle donne cette fois la parole à un groupe de jeunes, qui rêvent leur futur.

Cinéma Le Gyptis
Du 21 novembre au 1 janvier 2019
5/6 €
www.lafriche.org
136 rue Loubon
13003 Marseille
04 95 04 96 25

Article paru le mercredi 28 novembre 2018 dans Ventilo n° 419

Cycle « La tête dans les étoiles »

Voyage dans la Lune

 

Après une année riche en événements proposée par l’équipe du Gyptis, qui nous a permis de parcourir dix fois le tour de notre planète, le dernier cycle de l’année, « La tête dans les étoiles », nous entraîne désormais vers un imaginaire cinématographique lunaire et spatial.

  Voilà près de cent vingt ans que le cinéma a la tête dans les étoiles. Les premiers pas d’esprits lunaires se confondent avec l’image iconique, chez Méliès, d’une lune devenue borgne par des spationautes conquérants, parfaite allégorie de ce qu’est le cinéma. Que le personnage baisse son regard chez Cronenberg sur les étoiles alignées du Walk of Fame d’Hollywood Boulevard ou qu’il lève les yeux chez Tarkovski sous l’immensité de la voute céleste, il est presque toujours question d’une vie que l’on imagine aussi brillante qu’un astre. Un film vise à l’envi la lune, même s’il finit par atterrir dans les étoiles, pour reprendre Oscar Wilde. Pour finir une année riche d’une programmation kaléidoscopique et résolument intense, l’équipe du cinéma le Gyptis de la Belle de Mai consacre sa dernière thématique de 2018, jusqu’à fin décembre, aux stars, déchues ou consacrées, aux pierrots lunaires dont les pieds ne touchent plus terre, aux distraits qui en oublient l’attraction terrestre, aux aventuriers de la conquête spatiale. Le cycle « La tête dans les étoiles » nous offre une fin d’année rêvée, propre à aborder la suivante sous les meilleurs auspices. À commencer par la sortie nationale du formidable Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt, dont le héros, star incontestée du football, tombe soudainement de son piédestal, sa vie se transformant alors en odyssée initiatique quasi surréaliste. Dans un registre plus historique, le dernier opus de Damien Chazelle, First man - le premier homme sur la Lune, nous conte la vie de Neil Armstrong, entré dans l’histoire lors de son alunissage du 21 juillet 1969 — une séance unique qui sera précédée d’un rattrapage de La la land, immense succès du cinéaste franco-américain. Quant aux personnages lunaires, c’est à travers deux beaux opus, sortis récemment en salle, que leur voyage intérieur sera mis en valeur : En liberté ! de Pierre Salvadori et, surtout, Heureux comme Lazzaro de l’excellente réalisatrice italienne Alice Rohrwacher se rajoutent à cette planante programmation. Sans oublier le High life de Claire Denis, les séances consacrées aux stars musicales que sont Freddie Mercury et Chilly Gonzales dans, respectivement, Bohemian Rhapsody de Bryan Singer et Shut up and play the piano de Philipp Jedicke, ou les deux projections exceptionnelles accompagnées des cinéastes : Six portraits XL d’Alain Cavalier et Premières solitudes de Claire Simon.

Emmanuel Vigne

 
Cycle « La tête dans les étoiles » : jusqu’au 1/01/2019 au Cinéma Le Gyptis (136 rue Loubon, 3e).
Rens. : 04 95 04 96 25 / www.lafriche.org
Le programme complet du cycle « La tête dans les étoiles » ici