Kadans Caraïbe

8e édition : ateliers de danse et tables rondes, sous le signe du Ka.

Reconnaître, écouter et embrasser la pluralité. Danser, célébrer l’histoire et questionner le présent de la créolisation. Des verbes familiers au festival Kadans Caraïbe qui pour sa 10ème édition, se conjugue au pluriel, avec plusieurs rendez-vous en 2022. Le premier aura lieu le samedi 21 mai à la Cité de la Musique de Marseille, avec au programme, exposition, rencontre littéraire, concerts, et conjugaison du verbe « partager ».

On commence à la première personne du pluriel avec un grand « nous » : Kassav’, groupe mondialement connu qui rassemble, représente et transcende les communautés antillaises, raconté par l’un de ses fondateurs, Pierre-édouard Décimus. La rencontre animée par Stéphane Galland sera suivie d’un showcase musical « Kassav in Jazz Ka » avec Franck NicolasYdriss BonalairJimmy Felvia et Frantz Flereau, tandis qu’une exposition photo éclairera cette histoire sous un autre angle.

« Nous », toujours, avec le concert d’Abraham Réunion et leur invité Arnaud Dolmen. Une histoire de famille qui ne tourne pas en rond. L’aîné Zacharie, contrebassiste, Cynthia la cadette, chanteuse, et Clélya, benjamine et pianiste, ont été bercé.e.s de musique depuis l’enfance. « Nous » familial ouvert sur les origines guadeloupéennes de leur père, animé du désir manifeste de mettre en musique : notre commune humanité, en toute positivité. Le batteur Arnaud Dolmen vient compléter la magie jazz d’une famille où nous sommes tous invités.

Première personne du singulier, enfin, avec Grégory Privat et son concert en solo. Après 5 albums sous son nom, le pianiste martiniquais se livre, seul face au clavier, dans son nouvel opus « Yonn » (le chiffre « Un » en créole). Musique intimiste aux sources plurielles, antillaise, classique, jazz ; voyage depuis l’intériorité, au plus près des émotions universelles ; quand Grégory Privat dit « je » avec « Yonn », c’est pour se reconnecter à nous, et au grand tout.

Pour parachever le partage, Finecocott’ nous restaure, sur place, avec sa cuisine caribéenne réalisée avec des produits frais et de qualité.

Partage des sens, plaisir du nous, individu et communauté : Kadans Caraïbe vous propose de les conjuguer, ensemble, du pluriel au singulier, du singulier, au pluriel.

À Marseille
Le samedi 21 mai 2022 à 17h30
5/10/12 €
https://kadans-caraibe.com/
13000 Marseille

Article paru le jeudi 2 mai 2019 dans Ventilo n° 428

Le festival Kadans Caraïbe

Y'a Kadansé

 

Porté par l’association Mamanthé en collaboration avec la Cité de la Musique et l’Espace Julien, le festival Kadans Caraïbe nous plonge dans les racines culturelles guadeloupéennes sous le signe du tambour Ka. En filigrane de la manifestation, la créolisation, thème qui « symbolise la notion de relation, les interactions humaines et le vivre ensemble », comme l’explique Mona Georgelin, la présidente de l’association.

  Mamanthé pulse tout au long de l’année, proposant notamment des activités socioculturelles telles que les « Ateliers solidaires », des ateliers de danse pour des personnes en difficulté. L’idée du festival a germé en 2012, avec pour objectif la promotion des expressions culturelles issues des îles caribéennes. Mamanthé a placé la septième édition sous le signe du tambour Ka et a soigneusement sélectionné quelques projets. Un moment de réflexion sur le thème « Arts et émancipation » sera proposé le 18 mai, animé par le journaliste Stéphane Galland et Gary Mampiono. Détaillant comment les orientations, les démarches et les discours inhérents à l’acte artistique peuvent être des armes pour s’émanciper, cette table ronde sera suivie d’un concert d’ExpéKa Trio. Réunissant Casey, Célia Wa et Sonny Troupé, le trio ravive la flamme de la critique sociale grâce au rap de Casey et à la voix de Célia Wa, flûtiste et chanteuse engagée, partie prenante de la nouvelle génération « Soul & Ka ». Mais le festival Kadans Caraïbe, c’est aussi une présentation d’expressions musicales, de danses et de mots slamés ou chantés sur la souffrance provoquée par l’esclavage dans les îles de Guadeloupe (officiellement aboli en 1848), ballotées entre les colons espagnols, anglais et français. Inscrit par l’UNESCO au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2014, le Gwoka a toujours accompagné la rébellion, notamment sur l’île de Karukera. Pour des raisons sans doute liées aux brassages incessants dans les Caraïbes durant des siècles, ce tambour ressemble étrangement à ceux utilisés dans la Tumba Francesa cubaine. Il est fabriqué en bois, initialement récupéré des tonneaux de salaison, de vin, d’huile et autres denrées que transportaient les colons venus d’Europe. Il parait que certains joueurs de Ka franchissent des milliers de kilomètres pour se fournir en barils de vin dans la région bordelaise, pour la bonne raison qu’ils sont fabriqués en chêne et résonnent différemment. Une chose est sûre : il chaloupe et vous prend aux tripes ! En concert le 11 mai à l’Espace Julien, 7 Son @ To développe un Gwoka traditionnel, mais avec une interprétation résolument jeune et contemporaine. Le groupe met en valeur la tradition des tambours tels que le Boula, au son grave, qui marque la mesure et donne le rythme de base, et le Maké, un tambour soliste. Pour les accompagner, les musiciens jouent des chachas, à savoir des calebasses vidées et séchées puis remplies de graines. « Nous chantons ce que nous vivons », déclare le chanteur Djòkael Meri. Autre concert remarquable à retenir : celui de Sonny Troupé quartet ADD 2, Reflets Denses, qui se frotte aux influences de l’électro, du metal et du jazz, tout en gardant les sept rythmes du Gwoka. Sonny a glané ses influences lors de tournées mondiales aux côtés de Kenny Garrett, Lisa Simone ou bien Daby Touré, entre autres pointures. Pour les amateurs de danse qui chercheraient à provoquer le Maké, Mamanthé organise un stage dirigé par Kenrich Shitalou, bercé par le Gwoka dès l’enfance, qui saura vous initier à ses mouvements gracieux et néanmoins vifs. Préoccupé par la transmission et la réflexion sur le thème de la migration, Mamanthé accueille aussi du théâtre, avec Les Raisons d’un retour au pays natal de la compagnie Mémoires Vives. Un récit initiatique qui trouvera sans doute un grand écho chez beaucoup d’enfants issus de l’immigration et résidant dans la cité phocéenne...  

Cathy Moreau

 

Kadans Caraïbe : du 11 au 18/05 à Marseille.

Rens. : https://kadans-caraibe.com