Alexandre Perigot - Mon nom est personne

Installation d'œuvres anonymes issues des collections du Mucem, du Centre national des arts plastiques, du musée d’Arts de Nantes, du musée des Beaux-Arts de Rennes, du musée Rodin, du LaM de Villeneuve-d’Ascq et du palais Fesch - musée des Beaux-Arts d’Ajaccio

Face à des œuvres sans auteur, le spectateur est-il plus libre de son expérience artistique et sensible ? 

Sans distinction et étalées au sol, des reproductions de peintures, photographies, dessins, objets d’artisanat et de design datés du XVIIe au XXIe siècle sont dévoilées par l’artiste Alexandre Perigot qui explore ici le large spectre de la question de l’anonymat. 

Cette installation intitulée Mon nom est personne fait référence au cinéma et à la mythologie. Ce titre renvoie au célèbre western spaghetti de Tonino Valerii, comme au personnage Mister Nobody du film Dead Man de Jim Jarmusch, mais aussi à la ruse d’Ulysse qui, échappant au cyclope Polyphème, avait déclaré s’appeler « Personne » dans l’Odyssée d’Homère. 

Dans une société comme la nôtre, il n’est guère aisé de penser l’œuvre d’art sans auteur. Les enjeux économiques du marché de l’art - où la célébrité de l’artiste donne la valeur -, le culte de la « vedette », l’évolution du goût vers une appréciation toujours plus grande de la personne à travers l’œuvre : toutes ces forces sociales orientent les intérêts de la recherche vers la quête d’un nom. Toutefois les musées conservent dans leurs fonds une part significative d’œuvres anonymes, où la signature manque ou demeure incertaine, qui peuvent engager un jeu de l’attribution et un goût pour l’énigme.

Initiée en 2017 lors de l’édition du Voyage à Nantes, l’exposition Mon nom est personne au Mucem a été réalisée grâce à la collaboration du Cnap, du musée d’Arts de Nantes, du musée des Beaux-Arts de Rennes, du musée Rodin de Paris, du CNEAI de Pantin, du LaM de Villeneuve-d’Ascq et du palais Fesch – musée des Beaux-Arts d’Ajaccio.
Nous remercions chaleureusement ces institutions qui, par leur soutien généreux, ont permis d’accomplir ce projet.

Mucem
Tlj (sf mar) 10h-20h
Entrée libre jusqu'au 20/07. Puis 0/7,50/11 € (billet famille : 18 €). Gratuit le 1er dimanche de chaque mois
http://www.mucem.org
7 promenade Robert Laffont - Esplanade du J4
13002 Marseille
04 84 35 13 13

Article paru le mercredi 15 juillet 2020 dans Ventilo n° 443

L’été au Mucem

Tenue estivale

 

L’été sera doux au Mucem. Le visiteur y voguera en grand libertaire, mirant les œuvres d’inconnus reconnus, comprenant la grammaire vestimentaire pour s’abandonner dans les fleurs du Fort Saint Jean et de sa programmation estivale poétique et addictive.

  Plongeons tout d’abord dans les expositions du musée. Mon nom est personne d’Alexandre Perigot est une installation de 1300 reproductions d’œuvres anonymes installées sur le sol. La visite est empreinte d’une certaine légèreté, la pression liée à la reconnaissance du beau, voire du (re)nom de l’artiste laisse place à la sensation, à l’observation, aux variations qui s’opèrent d’un rectangle à un autre. Le sol recouvert met à mal la sacralité de l’œuvre et cela fait du bien. Une pointe de frustration nous envahit lorsque l’on aimerait savoir, avoir, l’information, le nom, le titre... Il ne faut pas avoir peur de l’inconnu pour vivre cette exposition comme une expérience énigmatique. À l’extrême opposé, l’exposition Vêtements modèles offre une médiation didactique intense sur l’intemporalité du style à l’ère décriée de la fast fashion. Un point de vue sociétal qui traverse les âges nous embarque à travers objets, photographies, film et documentaires dans l’histoire du vêtement, de sa confection à son caractère iconique : le débardeur, le bleu de travail, le kilt, l’espadrille et le jogging s’incarnent au Fort Saint Jean ! Dans une ambiance plus feutrée, presque intimiste, l’exposition La Flore de A à Z révèle une partie de la collection du Mucem (objets, vêtements, enseignes…) par un abécédaire poétique floral résolument méditerranéen. L’acanthe décore la faïence, les tournesols se font enseigne, les coquelicots s’éprouvent dans le symbolisme de l’après-guerre… La collection s’offre un nouveau champ des possibles ! Le Fort Saint Jean et son esplanade seront aussi le théâtre d’une programmation surprise en plein air en août avec neuf rendez-vous, pensés avec les festivals du territoire et regroupés sous le titre Plan Bis. Le festival Oh les beaux jours ! fera de ce premier week-end un instant militant entre la poésie anti-raciste et anti-colonialiste d’Aimé Césaire lue sur un air d’accordéon, et l’urgence écologique chantée, dansée et mise en scène par Gaël Faure autour de l’œuvre de Giono. Marseille Jazz des Cinq continents prendra la relève avec l’envoûtante, l’immanquable Naïssam Jalal, flûtiste libérée au répertoire multiple, suivie de Sophie Alour, dont la dernière œuvre allie le oud à son jazz épuré. Ajoutons deux notes percutantes : David Walter viendra faire groover le Mucem et un concert dessiné à quatre mains surprendra assurément son monde. Côté cinéma, on prendra une dose de bonheur avec l’univers pastel des Demoiselles de Rochefort, le charme de Latifa, cantatrice passionnée dans Silence... on tourne et les danses télévisuelles « brushinguées » de Hairspray, en partenariat avec le FID et Aflam dans le cadre du Ciné Plein Air de Cinémas du Sud & Tilt.  

EL

 
  • Alexandre Perigot – Mon nom est personne : jusqu’au 17/08

  • Vêtements modèles et La Flore de A à Z : jusqu’au 6/12

  • L’Orient sonore : du 22/07 au 4/01/2021

  • Plan Bis (musique, cinéma, littérature) : du 12 au 30/08

 

Rens. : 04 84 35 13 13 / www.mucem.org

La programmation complète de Plan Bis ici