Dominique Comtat - Mes apocalypses + Marc Mercier et Matteo Fadda - Cartoline Vidéo

Installations vidéo

Mes apocalypses (20’ – 2017) / Dominique Comtat (France)
Notre espace social se réduit, notre espace d’aventure est rogné, la biodiversité diminue, notre espace de liberté s’amoindrit, l’espace naturel décroît.

Cartoline Video (20’09 – 2016) / Marc Mercier (France) & Matteo Fadda (Italie)
13 cartes postales vidéo réalisées avec des migrants à Cagliari (Sardaigne) dans le cadre du projet « Navigare i confini/MigrArti / Tra Asia e Africa in un’isola che c’e ». Avec la participation de Etienne (Cameroun), Ndiaga (Sénégal), Peter (Nigeria), Halyne (Ukraine), Roric (Costa Rica), Raphael (Grèce), Necati & Muhammed (Turquie), Rendell & Ralph (Philippine), Ousman (Gambie), Yaiu Yaiu (Chine), Reda (Maroc), Modou Lobba (Gambie), Yaya (Sénégal), Sokou (Gambie).

Migrer : traverser une frontière, une montagne, la mer… Pas seulement, c’est aussi passer d’un langage à un autre, d’une culture à une autre. Entre l’espace que l’on quitte et celui que l’on trouve, il y a un temps d’adaptation. Un temps où la culture d’origine est déjà du passé, où la culture d’accueil est encore un futur, où le présent laisse sans voix : que puis-je dire de ma vie, de mes douleurs, de mes désirs quand je n’ai pas les mots pour me faire comprendre ?

La Machine Pneumatique
Lun 8h-17h + mar-jeu 8h/21h + ven 8h-00h
Entrée libre
www.instantsvideo.com
5 traverse du Régali
Saint-Henri
13016 Marseille
09 51 30 03 60
06 63 55 67 60

Article paru le mercredi 31 octobre 2018 dans Ventilo n° 417

Instants Vidéo Numériques et Poétiques

Vidéaux collectifs

 

« Caressez-vous »... Jamais mot d’ordre n’aura paru plus doux. Cette année, le festival Les Instants Vidéo fait fi des frontières en parlant une même langue étrangère. Pour sa trente et unième édition, l’événement qui se dédie à la poésie électronique souffle un vent exquisément rebelle, donne à voir des images engagées, transpire la singularité et charme le visiteur pour mieux l’enrôler. Pendant près d’un mois, les installations, performances et autres œuvres hybrides autour de la vidéo vont encourager un soulèvement populaire aussi bien culturel que novateur. L’art d’être rassembleur.

  Ouvrir la voie à d’autres cheminements de pensée, évoquer des réalités en cherchant à les refaçonner, éveiller des consciences endormies, combattre des situations gangrenées et faire triompher les sursauts de vie... Autant de perspectives et d’objectifs retrouvés dans l’édition 2018 du festival poétique et numérique Les Instants Vidéo. Une fois encore, ce projet associatif, qui se décline aussi bien dans la région qu’à l’international, permet de croiser différents supports thématiques en offrant à de nombreux artistes émergents une solide visibilité. Cette année, le festival se déroule dans trois pays (la France, l’Italie et l’Argentine) en investissant des villes aux cultures maousses telles que Rome, Milan, Marseille ou Buenos Aires. Au menu des festivités : plus de 240 œuvres présentées et des lieux d’exposition (onze à Marseille et sa région) toujours joliment diversifiés. Mais Les Instants Vidéo ont la (tenace) particularité de s’adresser à un public hétéroclite à souhait et de mettre en avant des structures sociales éphémères au nom du propos et de la créativité. Si la Friche La Belle de Mai reste un repaire confirmé, d’autres espaces consacrés par le festival seront à dépuceler. Quid des nouveautés ? Un opéra de trois jours, faisant intervenir suffisamment de mots, d’images, de sons et de couleurs pour ravir et griser les cœurs. Une première qui promet de refléter les valeurs de l’événement : idées sans cesse renouvelées pour défis brillamment relevés. Cette édition 2018 a été pensée selon deux références poético-historiques ciblées : les 2000 ans du célébrissime Ovide et le cinquantenaire de Mai 68. La vie change et se poétise, le monde évolue et se politise. À l’occasion des Instants Vidéo, les artistes mobilisés ont cette insoumission naturelle qui leur permet de piocher dans la chronologie passée avec une intention unanimement partagée : la destinée de l’homme n’est point figée, l’audace et le talent peuvent tout révolutionner. Ce sont d’ailleurs des « curieux » et visiteurs du monde entier qui sont convoqués. L’art vient ici délibérément les troubler... En détournant le slogan originel de Marx — les prolétaires sont devenus des humains et l’unisson une grande caresse collective ! —, les acteurs du Festival s’opposent à la mondialisation des flux financiers et exigent un système de libre circulation des désirs. Un blocus créatif de taille, qui s’empare des fléaux mondiaux pour mieux les étouffer. Marc Mercier, directeur artistique de la mnaifestation, a les mots pour le dire : « Dans un monde où les pays riches se transforment en forteresses, assassinant chaque année des milliers de migrants (...), il est grand temps que les humains de bonne volonté se soulèvent et accueillent avec tendresse ceux qui sont obligés de fuir leur pays. Le monde de demain sera créole ou ne sera pas. » Le but du festival n’est toutefois pas de détenir la vérité absolue, mais de partager un ensemble d’intuitions, de craintes et d’espoirs confondus pour rendre notre futur commun plus authentique et serein. Ici, la colère devient un chant porté tout délicatement par l’image et le numérique. Comme si le pire se muait en liesse et que la menace tombait pour l’allégresse. Le festival prescrit à son public assez de substance pour regagner en rêverie et en passion et ce, sans jamais le soustraire à sa raison. Se caresser, l’arme du « mieux vivre » en collectivité ? Le voilà, le grand frisson !  

Pauline Puaux

Instants Vidéo Numériques et Poétiques : du 7/11 au 2/12 à Marseille.

Rens. : www.instantsvideo.com/blog/

Le programme complet des Instants Vidéo ici