Laurence Leblanc - Le Souffle

Photos

Elle s’est prêtée au jeu de FLAIR Galerie en sélectionnant dans son œuvre une vingtaine de photographies liées au monde animal. On retrouve dans cette exposition la permanence de son regard qui relie et unit, comme un souffle. L’objectif ouvert, à l’image de son état d’esprit, Laurence Leblanc voyage seule, en elle et au monde. Sans barrière, exposée, sans défense pour paraphraser Emmanuel Levinas. C’est ainsi que les liens se tissent, de visage à visage, de personne à quelqu’un, dans une relation qui existe, même fugace. Comme si dans chacune de ses images, un dispositif invisible de mise en présence véritable entre les hommes était mis en œuvre. Véritable, c’est-à-dire sincère, que l’on ne trompe pas. On ne vole pas des regards, on ne tire rien de la couche visible du monde sans donner de soi. Cette exposition met en évidence ce paradigme du « nous » qui prévaut sur le « je ». Les photographies rendent ici toutes compte de cet axiome du lien et de la présence à l’autre dans une forme de parenté universelle. De lien, il s’agit bien lorsque la photographe met en évidence, dans sa série Famous Mares, le licol qui permet à l’homme de tenir un cheval. À l’origine de ce travail, une découverte. Au fin fond d’une médiathèque à Deauville, l’artiste tombe nez-à-nez avec un album photographique. Un exemplaire unique, rare, venu tout droit du Kentucky qui documente certaines juments célèbres, pleines. Elles sont toutes tenues par un lad. Qui pose ? Le cheval ? L’homme ? Le cheval et l’homme. De cette présentation formelle, officielle, quelque peu pompeuse car il s’agit bien dans cet album format carte postale de montrer la puissance et la gloire de ces animaux de compétition, elle choisit d’en écrire une nouvelle histoire. Elle photographie certaines images de cet album, les recadre, en retouche la chromie. Dans ce nouveau cadrage resserré (le visage, le licol, la tête de l’animal) se loge une symbolique implicite où le règne animal n’est plus dompté, où la condition sociale du lad est réinvestie, repensée, où la domination s’efface au pro t du lien horizontal. Pour preuve, le licol est parfois gommé, effacé par le travail du temps sur ces photographies datant de 1927. D’un document, Laurence Leblanc en tire une série artistique dans lequel son geste de photographe semble s’apparenter au montage cinématographique. Certaines gures sont en effet récurrentes, ici ou là un lad, de face ou de profil, qui par le dispositif de monstration, disons plus simplement, l’accrochage, semble se retourner, bouger devant une caméra imaginaire. Sensible à l’état latent, Laurence Leblanc réussit par réinterprétation à animer un album photo, à le charger d’un souf e nouveau, d’une deuxième vie. Comment ici ne pas penser à la chronophotographie de Edward Muybridge mais à rebours, dans une recomposition du mouvement ?


Flair Galerie
Mer-sam 11h-13h & 15h-9h
Entrée libre
http://www.flairgalerie.com
11 rue de la Calade
13200 Arles
09 80 59 01 06
06 20 75 13 58