Michelangelo Pistoletto - La Mise à nu de la société

Sérigraphies

Commissariat : Lorenzo Fiaschi, co-fondateur de Galleria Continua

 

Cette exposition, organisée en partenariat avec la Galleria Continua, réunit un ensemble d’œuvres de la récente série Messanudo de Michelangelo Pistoletto. C’est la passion du collectionneur Philippe Austruy et son engagement pour l’art contemporain qui a convaincu l’artiste italien, 90 ans, de présenter son travail dans une institution privée d’envergure muséale.

 

Messanudo (mise à nu) est une série initiée à l’été 2019 et finalisée à l’hiver 2020, pendant l’épidémie de Covid-19. Elle est née d’une réflexion de l’artiste sur la société actuelle où règne le chacun pour soi au détriment de la prise en compte des enjeux collectifs comme la protection de l’environnement. Michelangelo Pistoletto procède à une « mise à nu » au sens propre de ses contemporains afin de les dépouiller de leur égoïsme. Cette humanité en costumes d’Adam et Eve est la même qui, habillée, se divise et s’éloigne par peur des différences. Fidèle à son regard intransigeant, l’artiste poursuit son travail sur le miroir et sa capacité à refléter les bouleversements du monde.

 

Des corps nus de femmes et d’hommes de différents âges, de différentes couleurs de peau sont sérigraphiés à taille réelle dans une proximité affective sur de grands miroirs installés près du sol. Débarrassés de leurs artifices, aucune classe sociale ou frontière ne les séparent. Ils s’enlacent, se touchent, s’embrassent, rient, s’aiment, se respectent, se portent attention mutuellement. La beauté et la bonté guident leurs gestes qui révèlent en creux à quel point la pandémie continue de nous isoler. Les Quadri specchianti (tableaux miroirs) de Michelangelo Pistoletto invitent à penser notre rapport au corps et soulignent un manque dans nos relations interpersonnelles.

 

Avec sa sensibilité, l’artiste recrée un jardin d’Eden où la nudité est synonyme de l’innocence retrouvée. Site bucolique, naturel et protégé, Peyrassol est le lieu idéal pour incarner cette célébration d’un retour à la nature universelle et intemporelle. Chaque tableau appelle le regardeur, à travers son reflet, à réactiver la mémoire de cette communion humaine.

Commanderie de Peyrassol
Jusqu'au 1/11 - Tlj 10h-20h
Entrée libre
http://www.peyrassol.com
RN7
83340 Flassans-sur-Issole
04 94 69 71 02

Article paru le mercredi 6 juillet 2022 dans Ventilo n° 467

Les expositions à la Commanderie de Peyrassol

Grains de beauté

 

À la Commanderie de Peyrassol, l’art de vivre prend tout son sens, incarnant le parfait lieu de croisement entre l’art, le vin, l’architecture et la gastronomie. Niché dans les contreforts du Massif des Maures, le domaine viticole offre sur un site patrimonial provençal l’une des plus grandes collections d’art contemporain à ciel ouvert. Adresse incontournable de la création, la Collection Philippe Austruy présente aussi dans son centre d’art deux expositions temporaires pour la saison 2022.

  L’exposition Face au temps. Regards croisés sur les collections Philippe Austruy et De Jonckheere crée des dialogues entre l’art contemporain et l’art flamand des Écoles du Nord du XVe au XVIIe siècle. Cette approche diachronique offre une véritable traversée dans le temps, en convoquant à la fois des sujets historiques, sociétaux, mythologiques, socio-culturels et bien d’autres. Ainsi, des peintures de la dynastie des Brueghel dialoguent avec des installations de Xavier Veilhan ou d’Arman, tandis que d’autres peintures d’un suiveur de Hieronymus Bosch répondent à des sculptures d’Anish Kapoor ou de Kader Attia. À travers la rencontre de ces deux collections d’art privée d’envergure muséale, le commissariat et la scénographie se révèlent ici d’une grande justesse. L’autre exposition temporaire, La Mise à nu de la société de Michelangelo Pistoletto, en collaboration avec la Galleria Continua, rassemble une série, Messanudo, initiée pendant l’épidémie du covid 19. Un ensemble de douze miroirs nous dévoile des photographies d’hommes et de femmes entièrement dévêtus, d’origines ethniques différentes, et qui s’enlacent, se regardent, se sourient et s’entraident. Le nu nous ramène ici aux origines ; il s’agit d’un retour à la nature loin de l’artifice et de l’uniforme, synonyme de différence entre les uns et les autres. L’utopie du vivre ensemble se devine d’ailleurs dès l’entrée de l'exposition, où l’artiste proclame en néon rouge « Aimer les différences », et se traduit également avec le symbole du troisième paradis, développé par ce principal protagoniste de l’Arte Povera, c’est-à-dire dans l’union entre la nature et l’artifice. Les entités « moi », « toi » et « nous », sont réunies et forment ainsi une nouvelle humanité, unie dans la diversité. La collection Philippe Austruy propose également des parcours extérieurs sur le domaine viticole, propice à la flânerie et à la contemplation. Les sculptures de grands artistes du XXe et XXIe siècle sont en totale symbiose avec l’environnement, où se mêlent les vignes, les citronniers, les mûriers ou les chênes centenaires. À découvrir absolument !

Héloïse de Crozet

 

Face au temps. Regards croisés sur les collections Philippe Austruy et De Jonckheere et La Mise à nu de la société de Michelangelo Pistoletto : jusqu’au 11/11 à la Commanderie de Peyrassol (Rn7, Flassans-sur Issole, 83).

Rens. : 04 94 69 71 02 / www.peyrassol.com