Adventices

Art urbain. Œuvres de Alfe, Arnaud Liard, Bruna Vettori, Sébastien Preschoux, Yann L’Outsider et Zoer. Dans le cadre de la Biennale Une 5e Saison

Une exposition proposée par la Maison de production d’art Quai 36 avec Alfe, Arnaud Liard, Bruna Vettori, Sébastien Preschoux, Yann L’Outsider et Zoer.

Si l’art urbain couvre un vaste spectre de disciplines et de styles — abstrait, figuratif, lettrage, art cinétique ou encore installations plastiques — il soulève systématiquement la question universelle du rapport à son environnement. Du simple mur à la friche industrielle monumentale, comment appréhender un espace où l’art n’avait initialement pas sa place ? Cette notion d’intervention intrusive inspire d’ailleurs le titre de l’exposition : les adventices sont des espèces végétales qui prennent vie dans des espaces où elles ne sont pas désirées.

Les artistes Alfe, Arnaud Liard, Bruna Vettori, Sébastien Preschoux, Yann L’Outsider et Zoer ont tous fait l’expérience de ces lieux urbains en mutation au sein desquels ils ont laissé une trace. Leurs créations pouvaient s’apparenter à des adventices : ces mauvaises herbes en théorie indésirables mais qui témoignent d’une nature reprenant ses droits. Le parcours de l’exposition va jusqu’à suggérer l’effet des saisons qui se succèdent avec un premier temps marqué par une sobriété colorimétrique (automne – hiver) puis une amplification de la palette de couleurs (printemps – été).

Galerie de la Manufacture
Jusqu'au 17/09 - Mar-sam 13h-18h
Entrée libre
https://www.lamanufacture-aix.fr/
8/10 rue des Allumettes
Cité du Livre
13100 Aix-en-Provence
04 42 91 98 88

Article paru le mercredi 15 juin 2022 dans Ventilo n° 466

Saison d'été de la Biennale d’art et de culture d’Aix-en-Provence

Et tant d’art

 

Une 5e saison, la Biennale d’art et de culture d’Aix-en-Provence, entame son quart d’été à partir du 25 juin avec son week-end inaugural, à partir duquel beaucoup de structures sortent nez et arts dehors.

 

Les propositions s’enchaînent et se rassemblent au pas des portes, mettant diverses formes d’arts à l’air libre. Parmi l’agenda pléthorique, on compte, bien sûr, du cinéma en plein air avec les Instants d’été. La première date verra une comédie musicale tourner en drame, avec le dernier film du fameux romantique et radical Leos Carax, Annette. Projeté au centre des allées très rangées des jardins du Pavillon de Vendôme, les pique-nique et les coussins sont invités, gratuitement, à venir s’installer aux côtés des rosiers, le soir du 3 juillet.

Sur d’autres gazons ce sera rap et hip-hop pour nous happer. Sous la houlette de l’association Aix’Qui ?, du 6mic et de la MJC Prévert, des minots organisent la (Mini) Tournée Des (City) Stades, pour restituer leurs ateliers réalisés dans les centres socioculturels d’Aix, en première partie, avant de passer le mic à la pointure locale Relo, qui chausse son rap de valeurs authentiques et concernées (le 2 juillet), ou au poète contrepétiste Kacem Wapalek, dont le débit conscient et pointu coule à flots de ses allitérations percussives (le 3 juillet).

Les lignes bougent aussi par chez Vasarely, mais pas uniquement par effet d’art optique. La Fondation accueille des œuvres venant du Centre Pompidou pour explorer les largesses que nous offre l’univers. Avec l’exposition Modernités Cosmiques (vernissage le 17 juin), on pourra se plonger dans l’abstraction des peintures de grand·e·s modernes comme Anna-Eva Bergman ou Kupka, mises en regard avec les perspectives monumentales et tournoyantes de Vasarely.

Et justement, en plus des lignes, des corps aussi danseront chez Vasarely, cette fois-ci dans une programmation plus contemporaine, initiée par Parallèle, le pôle de pratiques artistiques émergentes internationales. Le 29 juin, dans le parc de la Fondation, cinq danseuses et danseurs tourbillonneront sur leurs pointes comme des toupies, opérant tournants et retournements. La prometteuse pièce d’Alessandro Sciarroni, Turning_Orlando’s Version, oriente la question du cycle dans tous les sens, avec sa belle mais intrigante référence au mystérieux personnage éponyme de Virginia Woolf, celle-là même qui a sû transformer les classiques binarités (vie et mort, femme et homme, passé et futur, histoire et fiction…) en notions bien plus fluides et circulaires. Le deuxième temps de Parallèle (le 2 juillet), présentera trois formes plus courtes, mais toujours chorégraphiques, entre un détournement du Lac des Cygnes en solo, une revisite des constructions modernistes, et l’urgence à devenir autre…

Aussi et entre autres, on pense à sortir encore un peu plus des plaines goudronnées pour aller traverser un Plain-Champ plus sauvage, mais subtil, dans la campagne de Meyrargues, sur un ancien site romain (les 25 et 26 juin). Emma Loriaut et Julien Clauss y ont créé in situ une balade guidée via une installation sonore, faite d’ondes radio et de postes portatifs, jouissant et joignant l’acoustique naturelle des roches, des reliefs et des excavations à l’amplification outillée d’un métallique pavillon géant.

Au même moment, le centre d’Aix célèbrera la culture provençale avec feux de Saint-Jean, concerts et balèti, faisant d’Ais En Fèsto (Aix en Fête) les préliminaires au festival Zik Zac, avec le rock folk de De La Crau ou de Lou Tapage, ou des compositions contemporaines du Trio Miquèu Montanaro accompagné de Famoudou Don Moye, qui seront, quant à eux, à Vasarely.

Pour cette saison d’été à Aix, les ouïes, les regards et les territoires des arts se souviennent et se décentrent, s’illuminent et s’aèrent. Sortons couverts, notamment de crème solaire.

 

Margot Dewavrin

Biennale d’art et de culture d’Aix-en-Provence – Saison Été : du 25/06 au 17/07 à Aix et alentours.

Rens. : www.une5emesaison.fr

Le programme complet de la Saison Été de la Biennale d’Aix ici

  https://vimeo.com/473118432