Josefin Arnell & Marilou Bal - The Lure

Peintures et vidéos

Premier long métrage de la réalisatrice Polonaise Agnieszka Smoczyńska, The Lure (Córki Dancingu) est récompensé au Sundace Film Festival en 2016. Il met en scène l'aventure terrestre de deux sœurs sirènes, Gold et Silver, en naviguant adroitement entre les genres du cinéma d'horreur et de la comédie musicale. Relecture du mythe de la petite sirène, devenue anthropophage, The Lure propose un commentaire sur l'adolescence et la construction de la féminité. Tandis que l'une des deux sœurs se confronte aux vicissitudes du sentiment amoureux et du désir sexuel, l'autre engage un bras de fer avec son besoin de dévoration alors qu'elles sont introduites sur la scène interlope et mafieuse des discothèques polonaises. Le film déploie une colorimétrie saturée de tons verdâtres sur fond d'europop, et reste tout du long sur la crète étroite qui lie séduction et prédation, sensualité et monstruosité, passion et pulsion, burlesque et grotesque.

Des thèmes qui lient également les travaux de Josefin Arnell et Marilou Bal. L'une vidéaste, l'autre peintresse, elles investissent toutes deux le point de vue de l'adolescence pour démêler les pratiques de la féminité de leurs injonctions normalisantes et misogynes. C'est dans cet espace complexe et dense d'affirmation identitaire et d'expérimentation sensuelle qu'elles rencontrent les personnages qui habitent leurs œuvres, et c'est à partir de celui-ci que la conversation de leur exposition en duo prendra forme à SISSI club. L'exposition présentera une série de nouveux tableaux de Marilou Bal en regard d'une installation centrée autour du film Wild Filly Story (2020) de Josefin Arnell.

 

Josefin Arnell

Josefin Arnell est née en 1984 en Suède, elle vit et travaille à Amsterdam. Sa pratique du film navigue méthodiquement entre documentaire et fiction, et s'étend à la performance, l'installation, la sculpture, la poésie ou le dessin. Par le biais de la narration libre, ses récits loufoques sont souvent centrés sur des personnages qui tentent de s'orienter dans des infrastructures contemporaines aux exigences impossibles. En choisissant souvent de travailler avec des non-acteurs, elle capture la brutalité et l'incomfort de la performance dramatique, ses ambitions inatteignables et sa relation au perfectionnisme et au contrôle. L'adolescente, le cheval et la mère sont des personnages récurrents de ses films qui mettent en scène différentes visions de la féminité dans une perspective d'émancipation critique. Afflictions psychologiques et corporelles, peurs, angoisses, dépendances, maladies chroniques et psychoses familiales y sont moulinées de manière crue et pathétique pour devenir des exorcismes libérateurs à l’esthétique trash. Le travail de Josefin Arnell attaque les économies de honte et de mal-être qui se glissent derrière les obsessions néolibérales du développement personnel et de l’optimisation de soi. Elle montre que l’examen de la fragilité humaine peut être un lieu d’humour et de vulnérabilité.

https://josefinarnell.se/FRENEMY

 

Marilou Bal

Marilou Bal, née en 1990 à Pessac, diplômée de la Haute école d’art et de design de Genève, est peintresse. Son travail fait montre d’une technique picturale qui s’inspire librement du pointillisme et de l’impressionnisme pour traiter de sujets en apparence triviaux : l’adolescence, la culture pop des années 90 et 2000, et la culture de la féminité, le tout accompagné d’une palette de couleurs pastels poudreuses aux teintes girly. Minutieusement et lentement peintes, ses toiles, souvent assemblées en séries, présentent un travail de citation iconographique qui traite de manière horizontale les memes générés par les célébrités globales de notre époque, les saga littéraires ou cinématographiques du début du XXIe siècle telles qu'Harry Potter ou The Sisterhood of the Traveling Pants, et des clichés glanés sur internet. En contraste avec les délicates touches de peinture qui composent ses tableaux, les représentation d'une hyper-girliness azimutée font autant appel aux cultures white trash qu'à l'objectification du corps féminin produite par le male gaze. Si la gémellité revient régulièrement dans les toiles de Marilou Bal, c'est que le miroir du regard de l'autre sur soi est partout à l'œuvre dans son travail : emprisonnées par un traitement pictural en sucre glace, les figures qui nous présentées sont placées à distance. Une distance qui les rend à la fois attachantes et pathétiques.

https://www.instagram.com/balmalibu/

 

Commissariat: Thomas Conchou


Sissi Club
Jusqu'au 14/05. Jeu-sam 14h-18h + sur RDV à contact@sissi-club.com
Entrée libre
www.sissi-club.com
18 rue du Coq
13001 Marseille