Marseille, de port en ports

Peintures et photos. Œuvres de Alfons Alt, Fernand Detaille, Adolphe Gaussens, Joseph Inguimberty, Yann Letestu, Henri Cartier Bresson, Camille Moirenc, Édouard Cornet, Étienne Martin, David Dellepiane, Bernard Plossu...

L'exposition Marseille, de Port en Ports rend compte de la géographie exceptionnelle du littoral marseillais, entre calanques, collines et îles, et de sa vingtaine de ports à travers le regard d’une soixantaine de peintres et photographes de différentes époques. C’est un voyage en images de duos de points de vue, reliant passé lointain et présent proche, et illustrant la permanence des sujets ou leurs changements notables et l’évolution de la façade maritime phocéenne au fil du temps.

Naviguer à Marseille de Port en Ports est l’itinéraire de cette traversée côtière que propose cette exposition. Depuis le premier port antique qui se voulait une place stratégique économique et d’échanges, on peut aujourd’hui dénombrer une vingtaine de ports différents à Marseille. Ils ont des destinations diverses et très spécifiques : ports de pêches, ports de plaisance, ports de commerce. Les principaux sont : le Vieux-Port, l’Anse de la Réserve, le Vallon des Auffes, Malmousque, la Fausse Monnaie, la Pointe Rouge, la Madrague de Montredon, l’Escalette, les Goudes, les Croisettes, Callelongue, Sormiou, Morgiou, Ratonneau, l’Estaque, Corbières, la Joliette, le Terminal de croisières Léon Gourret, forme de Radoub N10, Marseille Fos.

Plusieurs artistes ont choisi les mêmes points de vue. Le traitement plastique sera différent, selon l’esthétique de l’époque, et les éléments qui composent le tableau ou la photo. Ces évocations pourrons traduire aussi des avancées technologiques, représenter des lieux aux habitations désuètes ou imposantes, des habitudes de vie quand le cheval précédait la mécanisation sur les ports, ou découvrir que le déchargement des marchandises se faisait à dos d’homme, à même le quai, et était immédiatement proposées à la clientèle en attente.


Ces œuvres tels des témoignages nous racontent et donnent à voir les particularismes du littoral, sa géographie exceptionnelle vue du ciel, ses animations de proximité, un patrimoine architectural remarquable avec des monuments mythiques, une activité portuaire intense.

 

Le port le plus emblématique de Marseille est naturellement le Vieux-Port, ancré dans la ville qui, dès l’origine, s’est déployée tout autour. Il se révèle différent au fil du temps, au gré des peintures, photographies, écrits, poèmes, films, qui en rendent compte avec des approches singulières, parfois critiques, mais le plus souvent attrayantes, voire élogieuses et flatteuses…
L’évolution du Vieux-Port, de son origine à son extension, et la création des ports alentours est appréhendable seulement depuis quelques siècles grâce aux cartes et relevés plus ou moins approximatifs et aux visions de nombreuses peintures et photographies du XIXème et XXème qui ont raconté l’histoire changeante de ce bord de mer qui a transformé Marseille.
Le mythique Pont à Transbordeur (1905-1945) est l’une des silhouettes symboles du Vieux-Port qui aura enchanté le quotidien des marseillais jusqu’à sa destruction définitive. Les gens voyageaient sur sa nacelle. On pouvait accéder à son sommet où se trouvait un restaurant, et admirer la spectaculaire vue panoramique à 360 degrés, avec, en dessous, des bateaux. Il s’imposait comme une majestueuse arche, d’une écriture de métal sombre, aux jambages imposants posés sur des gros plots de pierres entre les deux rives, et dont celui situé côté fort Saint Jean témoigne encore de sa vie passée.
Le Vieux-Port est toujours le coeur névralgique de la cité, d’où l’on peut admirer sur les hauteurs, Notre-Dame de la Garde, le Pharo, Saint-Victor… Le court voyage entre les deux rives, se fait toujours sur le Ferry-Boat, mis en service le 3 juin 1880. Icône marseillaise s’il en est, ce bateau, cher à Marcel Pagnol, effectue plusieurs fois par jour la traversée du Vieux-Port entre la Mairie et la Place aux Huiles. On découvrira une rare photo où il côtoie, à quelques mètres de lui, un volumineux et inquiétant sous-marin, qui ne lui a pas enlevé sa fierté conquérante, et quelque peu condescendante pour l’occasion. Un face à face entre un David et Goliath marseillais…
Disparu aussi du paysage le canal Saint-Jean, appelé aussi Canal de la Tourette, qui facilitait le passage des bateaux entre le Vieux-Port et les bassins de la Joliette, communication qui fut ouverte en 1854 et comblée en 1932. En ce temps-là, le fort St-Jean était aussi une île.
C’est à travers cet espace-temps que nous sont révélés les us et coutumes, les métiers liés à la mer, la pêche, le ravaudage des filets étendus sur le sol aux fins de séchage, les poissonnières criardes, le débarquement d’oranges fraîchement arrivées du port de Soller à Majorque, des balles de tissus, ou des barriques véhiculées sur des charrettes encore tirées par des chevaux.
Il est saisissant, et révélateur d’un changement d’époque, de voir l’écart que l’on peut remarquer entre le tableau de Dellepiane qui représente des élégantes accompagnées de leur famille regardant arriver un paquebot rempli de passagers et les photos de croisiéristes pressés de retrouver leur navire-immeuble qui héberge plusieurs milliers de passagers pour de longues croisières.
Cette immersion dans le regard de ces artistes met en lumière autant d’approches esthétiques qui mêlent romantisme, réalisme, néo-impressionnisme, divisionnisme, fauvisme, pointillisme et expressionnisme et donnent à voir une « bio »diversité de points de vue enchanteurs, vantés par des artistes peintres comme Allègre, Alt, Aubery, Audibert, Aurens, Boussion, Cabasson, Camoin, Carrera, Casile, Chasselon, Chauvier de Léon, Coste, Crémieux, Crétot Duval, D’Alesi, De Barberis, De Belay, Dellepiane, Dyf, Friesz, Gaussen, Genin, Gimming, Grass-Mick, Hambourg, Inguimberty, Leprin, Letestu, Lombard, Mattio, Marquet, Martin, Meraga, Moquet, Nattero, Olive, Ollive, Pomerat, Salomone, Signac et des photographes, tels, AstridB, Boudet, Brauquier, Brion, Cartier-Bresson, Chostakoff, Conti, Cornet, Detaille (Fernand & Gérard), Filiu, Iperti, Jahan, Masson, Moirenc, Nicolas, Plossu, Pourcel, Ramade, Salloum…

 

Cette exposition réunit plus de 160 tableaux et photographies modernes et contemporains, issus de la collection de la Fondation Regards de Provence, du Musée Cantini, du Musée d’Histoire de Marseille, des Archives municipales de Marseille, du fonds Gérard Detaille / Collection Musées de Marseille, de La Navale, du Grand Port Maritime de Marseille Fos, de la Chambre de Commerce et d’Industrie métropolitaine d’Aix Marseille Provence, de Marseille Provence Cruise Terminal, du Club de la Croisière Marseille Provence, de MSC Croisières, de Costa Croisières, de CMA CGM, de la compagnie maritime Marfret, de l’Office de la Mer Marseille Provence, de la Galerie Alexis Pentcheff, de la Galerie Marina, d’ateliers d’artistes, et de collectionneurs privés.

Musée Regards de Provence
Jusqu'au 15/05 - Mar-dim 10h-18h
3/7,50 € (gratuit pour les moins de 12 ans)
www.museeregardsdeprovence.com
Boulevard du Littoral
Allée Regards de Provence
13002 Marseille
04 96 17 40 40