Les dialogues de l’urbain #21  (V.O.)

Table ronde sur le cinéma comme expérience du territoire, avec René Borruey (historien des territoires), Anne Alix & Natacha Cyrulnik (cinéastes), Jean-Laurent Csinidis (producteur),  William Benedetto (directeur du cinéma L’Alhambra), Katharina Bellan (historienne du cinéma) et David Yon (doctorant Aix Marseille Université)

Le territoire se résume-t-il à un simple décor ? Qu’est-ce qu’un territoire offre à la création cinématographique, qu’il s’agisse de la fiction ou du documentaire ? Qu’est-ce que le cinéma propose en retour ? Quels sont les enjeux qui se posent à l’échelle du territoire Aix-Marseille Provence et quelles perspectives sont possibles ?

Trois séquences explorent ces questions avec la participation de René Borruey, historien des territoires :

# 1 - Deux cinéastes : le territoire au cœur de la création

Pour Anne Alix, le territoire de Fos, Martigues et Port-de-Bouc a inspiré son long-métrage de fiction, Il se passe quelque chose. De son côté, Natacha Cyrulnik a développé une exploration cinématographique de différentes cités de Brignoles, La Ciotat, La Seyne-sur-Mer ou Marseille

# 2 - Un producteur et un exploitant : considérant un territoire

Jean-Laurent Csinidis est producteur. Le catalogue de Films de Force Majeure réunit de nombreux films qui abordent la question du territoire (Game Girls est présenté dimanche 25 novembre au cinéma Le Mazarin). Installé à Marseille, Jean-Laurent Csinidis s’intéresse à la question de l’imaginaire de la ville et des récits qu’elle est censée inspirer.

À Marseille, William Benedetto dirige le cinéma L’Alhambra. Dans un environnement géographique où l’offre culturelle est inexistante, et pour qu’elle demeure un lieu de vie, la salle privilégie sa relation au territoire et le lien qu’elle entretient avec ses publics. 

# 3 - Retour sur deux expériences

À la fin des années 1970, le cinéaste René Allio ouvre à Vitrolles le Centre Méditerranéen de Création Cinématographique, une expérience majeure de décentralisation culturelle. Tant d’un point de vue artistique (le soutien à la création) que culturel (la diffusion du cinéma), la question du territoire à l’échelle régionale traverse le projet du Centre.

avec Katharina Bellan, historienne du cinéma

À la même période, le cinéaste américain Robert Kramer arrive à Marseille. Avec un port au coeur de la ville, il y retrouve quelque chose de New-York. Il y tourne son premier film européen, Guns. Jusqu’à son dernier film en 1999, Cités de la plaine, et passionné d’architecture et d’urbanisme, Robert Kramer explore cinématographiquement la question du grand territoire métropolitain.

avec David Yon, doctorant Aix Marseille Université

Amphithéâtre de la Manufacture
Le vendredi 23 novembre 2018 à 15h
Entrée libre
http://imagedeville.org
Cité du livre - 10 rue des Allumettes
13100 Aix-en-Provence
04 42 91 98 88

Article paru le jeudi 15 novembre 2018 dans Ventilo n° 418

Festival Image de Ville 2018

Droits de cités

 

La seizième édition d’Image de Ville investit plus d’une dizaine de lieux du département, entre Aix-en-Provence, Marseille, Martigues et Port-de-Bouc, pour un événement toujours aussi riche et passionnant, propre à interroger la question cruciale de notre environnement urbain.

  La question se pose, parfois, absurde et irréfléchie, jusqu’au sein des structures institutionnelles dont la mission doit sacraliser un soutien sans failles aux associations organisatrices : quel est l’impact réel des propositions culturelles — types festivals — dans l’existence quotidienne des citoyens ? Une question qui devient concomitante aux nombreuses baisses de subventions constatées ces dernières années chez les financeurs publics. Avec pour conséquence des difficultés croissantes pour les manifestations culturelles d’accompagner dignement la pluralité des propositions artistiques. Cette problématique apparaît, à la lumière des récents drames urbains vécus à Marseille, en filigrane de la nouvelle édition d’Image de Ville, festival du film sur l’architecture et l’espace urbain. Comme le souligne Luc Joulé, réalisateur et membre de l’équipe organisatrice, « Il s’agit ici de réenvisager notre manière d’être et de faire, de la repenser collectivement, et c’est AUSSI une question culturelle. L’heure est à tout transformer. Artistes et architectes évoquent ces villes en situation d’effondrement. Il faut remettre l’architecte, entre autres, au centre du sujet. Et le cinéma peut aider à cela ». Dont acte du 15 au 25 novembre, où pour la seizième année consécutive, Image de Ville déroule un programme des plus passionnants : au-delà des films, ce sont près d’une vingtaine de cinéastes invités, mais également des artistes, professionnels du cinéma, architectes, urbanistes ou historiens de l’architecture. L’équipe étend derechef la manifestation dans le département (Aix, Marseille, Port-de-Bouc, Martigues), mais décide cette année de recentrer son point névralgique au sein de la cité aixoise. « Même si nous investissons différentes villes, nous voulions cette année remettre Aix au centre du dispositif. Le festival s’ouvre à Aix, se termine à Aix, et nous y proposerons entre autres trois rendez-vous de films en chantier. L’École d’Art accueille de nouveau le festival. Cela afin de donner une cohérence que la multiplication des lieux pouvait fragiliser ». Au menu d’un programme bien dense, citons épars le dialogue inédit entre l’artiste plasticienne Lamia Joreige et l’architecte Marc Barani, deux ciné-concerts orchestrés par le musicien Nicolas Cante (sur Berlin, symphonie d’une grande ville et Le Petit Fugitif), la présentation des trois films en chantier de Christian Barani, Régis Sauder et Natacha Samuel, et les diverses thématiques soulevées : les corps dans la ville, un week-end à Alger, Marseille-Kyoto : deux architectures contemporaines, le cinéma chinois et le phénomène urbain, l’effondrement, la ville, au-delà des portes de la prison, parmi tant d’autres. C’est ainsi, au sein de la programmation, que tout spectateur curieux pourra découvrir quelques magnifiques pages cinématographiques, d’An Elephant Sitting Still de Hu Bo à Derniers jours à Shibati de Hendrick Dusollier, en passant par Des moutons et des hommes de Karim Sayad, Toute une nuit de Chantal Akerman, Enfance d'une ville d’Éric Rohmer, Guy Moquet de Demis Herenger ou l’incroyable Koyaanisqatsi, la prophétie de Godfrey Reggio. Impossible ici de mentionner la richesse foisonnante d’une programmation d’excellence, mais gageons qu’entre projections, tables rondes, rencontres, conférences ou concerts, l’équipe d’Image de Ville impose bel et bien l’une des manifestations culturelles majeures de notre territoire.  

Emmanuel Vigne

 

Festival Image de Ville : du 15 au 25/11 à Aix-en-Provence, Marseille, Martigues et Port-de-Bouc.

Rens. : http://imagedeville.org

Le programme complet du festival Image de Ville ici