A Tripik par le CirkVost © Arno Loth

Retour sur A Tripik par le CirkVOST (Biennale Internationale des Arts du Cirque)

L’angle du pouvoir

 

Un trio d’artistes singuliers, un décor en forme de triangle d’acier géant, l’exploration des angles et des langues du pouvoir font d’A-Tripik, l’une des dernières créations du CirkVOST, un spectacle étonnant à découvrir. Il a clôturé joliment la programmation de l’Espace Chapiteaux de la BIAC 2017.

 

Voltigeur aérien, jongleur, acrobate et musicien, Benoît Belleville a vécu la grande aventure des Arts Sauts, cette compagnie de voltigeurs qui a fait les beaux jours du cirque contemporain. Le comédien et chanteur Jan Naets était leur régisseur général. Son frère, Jef Naets, porteur au sol, comédien et acrobate, a créé la compagnie belge Circ’Ombelico. À la dissolution des Arts Sauts, quelques-uns des membres de la compagnie ont créé le CirkVOST, qui s’est implanté près d’Alès. Amoureux du chant, ces trois-là ont décidé de monter un projet autour de cet art tout en interrogeant la question du pouvoir. Est né A-Tripik, une forme assez surprenante de spectacle où le chant, le jeu des acteurs et les disciplines circassiennes abordées se confrontent à un élément majeur, un quatrième personnage : une structure métallique triangulaire.

Le CirkVOST comme les Arts Sauts sont très attachés aux structures comme éléments scéniques. Ici, le public est accueilli dans trois gradins qui bordent une scène triangulaire sur laquelle la pyramide en fer est posée.

Portés par la force d’un magnifique chant a capella, les trois artistes donnent libre court à la folie, aux excès, aux abus, aux dérives du pouvoir. Si le triangle métallique se retrouve pierre angulaire du sujet, ce sont le jeu des comédiens dramatiques ou clownesques et les instants, trop rares, de voltige qui captent l’émotion du spectateur. A-Tripik offre de très beaux moments pleins d’humour et de gravité. Jan Naets se révèle en étonnant tortionnaire ordinaire. De l’ascension à la corruption, les formes de pouvoir se déclinent dans un spectacle qui, cependant, cherche encore sa vraie direction. L’appellation « avant-première » sous laquelle il était présenté à la BIAC l’a de fait quelque peu desservi. Il s’agissait plutôt d’une sortie de plateau, d’un spectacle en devenir que l’on a hâte de revoir dans sa pleine maturité.

 

Marie Anezin

 

A Tripik par le CirkVost était présenté du 17 au 19/02 au Village Chapiteaux de la Biennale Internationale des Arts du Cirque.

Pour en (sa)voir plus : www.cirkvost.eu