Le festival Echos en construction...

Le Festival Echos

Echologie

 

Tout a commencé au début des années 90, lorsqu’une bande de musiciens épris de l’acoustique d’une falaise coincée dans les Hautes-Alpes décide de construire trois trompes géantes pour amplifier la diffusion musicale au sein d’un environnement magique, soumis à tous les aléas météorologiques. Vingt ans plus tard, une bande de jeunes amateurs de musiques libres et improvisées réinvestit les lieux le temps d’un festival en forme d’expérience hors norme. Echos ? Loin du tapage balnéaire, une véritable perle sauvage et poétique.

 

Mea culpa : nous sommes complètement passés à côté de la première édition. Et sachez que les remords nous rongent. Normal, quand on parcourt la programmation de la première salve. Plus qu’un simple tir d’essai, cette édition aurait pu se symboliser en la personne de Yann Gourdon, vielliste expérimental équipé pour l’occasion de sa boîte à bourdon qui, comme son nom l’indique, reprend le système de son continu de la fameuse vielle à roue. Le bourdon donc, formidable drone s’il en est. Imaginez ce son, mystique et enivrant, simple et complexe, tourbillonner sur 120 hectares (!) de montagne, évoluant différemment d’un lieu à un autre, selon le climat, la forme du paysage… Vous touchez alors à l’essence d’Echos, enfant prodige intelligemment monté à bout de bras par l’association Dôme. Une véritable bouffée d’air, pour les musiciens au même titre que pour le public, lui-même invité à expérimenter des œuvres en se frayant un chemin entre les arbres, se saisissant de différents échos suivant l’endroit où il se trouve. Camille, la présidente de l’asso, expliquait à l’antenne de Radio Libertaire (radio anarchiste parisienne) qu’il s’agit avant-tout de « bousculer les codes du concert traditionnel. » Face à trois trompes géantes construites en pleine nature, à deux pas de la Ferme du Faï, les musiciens et le public seront logés à la même enseigne, devenant tous auditeurs d’une phénomène insaisissable et aléatoire. Car ce festival a cela de fascinant de pouvoir associer concept génial et affiche de haut vol. Composée avec le cœur. Très pointue, comme on dit. Une sorte de cartographie de découvertes (hexagonales) évoluant dans les sphères expérimentales très actives ces dernières années. De Autrenoir (ni plus ni moins que Mondkopf et Saâad) à Tanz Mein Herz (sorte de krautrock, « musique traditionnelle porquerollaise, idéale pour une promenade en amoureux ou entre amis »), en passant par l’ensemble Watt (autour de la clarinette) ou le duo Anne-Laure Pigache et Pascal Thollet… Il s’agira toujours cette année de drones et de sons continus bien sûr, mais pas que, tant l’envie de tester nombre d’identités sonores distinctes est urgente. Au final, trois jours de tromperies intensives au cours desquels le public pourra également lui-même s’emparer de l’impressionnant dispositif. Trois jours qui se clôturent par une belle soirée de concerts à la Ferme du Faï (en compagnie de Usé, Acid Kruger Krew et Mr Marcaille). Histoire, aussi, d’échanger ses expériences d’auditeurs naturalistes, et un plaisir pour le moins communicatif.

Jordan Saïsset

 

Echos : du 28 au 30/06 à la Ferme du Faï (Le Saix, 05).
Rens. : 06 59 60 84 93 / www.festivalechos.fr