Drone eat drone - American scream de Ken Rinald

L’Anti-Atlas des frontières à La Compagnie

Le (sens dessus) dessous des cartes

 

A La Compagnie, l’exposition L’Anti-Atlas des Frontières navigue entre art et sciences pour faire bouger les lignes et mettre en avant le non-sens de la géopolitique moderne.

 

Où se situe exactement la frontière quand on est dans un aéroport ? Dans quel espace se trouve-t-on dans un centre de rétention d’immigrés clandestins ? Ces questions ont germé dans la tête d’artistes et de chercheurs qui ont eu l’idée originale de mener un projet inédit mêlant art et science autour du thème des frontières terrestres, maritimes, aériennes et virtuelles. Après trois ans et douze séminaires de recherche associant géographes, ethnologues, politologues et artistes contemporains, L’Anti-Atlas des Frontières se présente comme un projet global de réflexion dont l’exposition à La Compagnie fait figure d’étape de travail.
« Montrer comment les frontières sont aujourd’hui en pleine mutation et se définissent par des flux plutôt que par des lignes sur une carte », voilà l’objectif affiché par Isabelle Arvers, la commissaire de l’exposition. L’artiste, spécialisée dans la relation entre art et jeux vidéo, a d’ailleurs une anecdote intéressante à ce sujet : « Quand les chefs d’Etats définissent des frontières dans leurs bureaux, ils tracent, en réalité, des traits de plusieurs mètres de large ! C’est un non-sens. » Il s’agit donc ici de mettre en avant l’absurdité de la géopolitique moderne. C’est aussi un plaidoyer, sans misérabilisme, contre les dérives sécuritaires et pour une appropriation collective de la question de l’immigration clandestine.
Au fil de l’exposition, on prend la mesure de la dimension pluridisciplinaire du projet par la diversité des supports employés : un drone qui se balade de manière aléatoire dans un périmètre d’agglos (Drone Eat Drone, American Scream de Ken Rinaldo), un jeu vidéo où il est question de trouver un moyen de passer derrière un mur (A Crossing Industry, de l’atelier hypermédia ESAAix), mais aussi de la photo, de la vidéo, de la cartographie, de la 3D… Le visiteur a constamment les sens en éveil. Car le but n’est pas seulement d’exposer les résultats d’un travail, mais que chacun soit également « acteur du projet ». En ce sens, l’exposition contient également un espace de recherche transmédia où des ouvrages et des ordinateurs sont à disposition pour se documenter et enrichir sa réflexion.

Baptistin Vuillemot

L’Anti-Atlas des frontières : jusqu’au 1/03 à La Compagnie (19 rue Francis de Pressencé, 1er).
Rens. 04 91 90 04 26 / www.la-compagnie.org