15 ans de Chinese Man Records

L’Interview
Chinese Man

 

Voilà un homme chinois en parfaite santé. Chinese Man Records n’en finit plus de se renouveler, et fête ses quinze ans d’existence avec la sortie de ses cinquièmes Groove Sessions et une tournée inédite qui débutera à Marseille dans quelques jours…

 

Sorti le 21 février dernier, ce nouvel album réunit les membres de Chinese Man, Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia. Trois styles, six créativités et douze mains, planqués ensemble loin du monde pendant plusieurs jours. Une technique de production innovante pour quinze morceaux explosifs. Électro cumbia, hip-hop, scratch, sampling, drum’n’bass… la solution (al)chimique est très efficace. Rencontre avec Fred, le manager du label, ainsi qu’avec les membres de Baja Frequencia, Goodjiu et Azulevski.

 

Vous vous êtes réunis dans les montagnes pour la création de ces Groove Sessions, comment s’est passé le travail de composition ?

Azulevski : Il y avait vraiment une volonté de partir un peu de rien et de se retrouver isolés. Cette habitude vient des Chinese Man. On est allés en Lozère tous ensemble, en amenant du matériel pour faire du son, des samples, des idées et on est partis de zéro. 80 % de l’album ont été faits sur une session de travail de dix jours. C’était très intense, d’une créativité bouillonnante.

 

Fred : Il y avait un vrai « doute », on ne savait pas ce que ça allait donner. Trois titres ? Un album ? Une engueulade ? C’était un peu le défi ! On n’avait jamais testé cette méthode de production. Au final, ça a donné exactement ce qu’on espérait.

 

Goodjiu : Avant cet opus, les Groove Sessions étaient des compilations entre les différents membres du label sans forcément de mise en commun, alors que là, effectivement, l’idée c’était de casser les groupes, de faire en sorte que les membres de groupes différents travaillent ensemble en binômes et de voir justement ce qui en sortait avec toute la question de la spontanéité.

 

À l’écoute de l’album, le mélange de vos styles et influences est très clair. Avez-vous, pour chacun des groupes, essayé de garder vos sonorités, vos styles propres ?

A : C’est là où ça a été très drôle. Les univers se sont un peu mélangés. On a eu peu de complexes à sortir de nos univers musicaux habituels, dans le sens d’une création commune. C’est d’ailleurs assez surprenant à certains moments de l’album, où l’idée qu’on pourrait se faire de qui a fait quoi n’est pas forcément vraie.

 

G : La pâte des différents groupes se retrouve dans chaque morceau : une ligne de basse ou un lead de Baja, des idées de Scratch, des samples typiques des Chinese. C’est une sorte de petit monstre avec les façons de produire de tout le monde.

 

F : C’est la réussite que le label en perçoit. Il y vraiment eu une émulation !

 

Comment a germé l’idée de cet album ?

F : Les Groove Sessions ont été initiées par les Chinese, depuis le début. On dit souvent que c’est un état des lieux du label. On est portés par l’idée du collectif, on a envie d’avancer ensemble.

 

G : Quand on est à deux en production, on peut rapidement se retrouver bloqués sur ses inspirations. À six, les blocages de certains deviennent des inspirations pour d’autres, on rebondit plus facilement. La production gagne énormément en rapidité.

 

Vous vous apprêtez à prendre la route avec cet album ; comment se prépare-t-on scéniquement et artistiquement à une tournée à douze mains ?

A : La préparation est énorme. Trois groupes de musique électronique et deux MC sur scène, c’est beaucoup. On joue absolument tout en live. C’est très différent que de jouer une partition en tant que musicien ou de faire un dj set. Il y a énormément de travail de découpage, de préparation, de mise en place technique, d’organisation… On va jouer la majorité de l’album, mais aussi les morceaux qui ont marqué l’histoire de chacun et du label. C’est un spectacle son, lumière et vidéo qui se met en place. Pour nous tous, c’est une super progression, tant pour la production que sur les concerts. C’est la suite du défi.

 

G : On a rarement vu trois groupes de Djs qui jouent réellement en même temps ! C’est un bon challenge, à la hauteur de l’album.

 

F : Comme toujours dans le label, on a une volonté de scénographie. Je garde la surprise, mais on prépare un vrai show, très différent de ce qui a été vu !

 

La popularité de Chinese Man semble ne jamais s’essouffler, comment expliquez-vous ce succès ?

F : Je pense qu’il y a réellement quelque chose qui est lié au spectacle. On se renouvelle à chaque fois, les propositions scéniques évoluent sans cesse. Il y a une envie commune chez tous les groupes de faire des spectacles qui rendent les gens heureux, qui les font danser !

 

A : Le live des quinze ans est encore plus calibré pour ce côté festif, à travers les morceaux phares du label. Quarante morceaux en une heure et demie, c’est très dense, très intense. D’autant plus avec les MC sur scène. Miscellaneous, le MC de Chill Bump, va tourner pour la première fois avec le label, il apporte un nouveau flow, des nouveaux textes, une fraîcheur.

 

G : Tout jouer à six, ça donne forcément une version originale, différente de ce que le public connait.

 

Propos recueillis par Lucie Ponthieux Bertram

 

Groove Sessions Live : le 12/03 au Moulin (47 boulevard Perrin, 13e) et le 14/03 à la Salle de l’Étoile (Chateaurenard).

Pour en (sa)voir plus : www.chinesemanrecords.com